Les responsables financiers n'arrivent pas à redéployer leur important excédent de liquidités. L´activité de la finance islamique en Algérie demeure modeste, estime le directeur centrale de la banque Al Baraka d´Algérie, Nasser Hideur. Intervenant hier lors du premier Forum algérien de la finance islamique organisé à Alger, il a mis en exergue plusieurs entraves à cette activité. Parmi celles-ci, M.Hideur a insisté sur l´absence d´un cadre légal et réglementaire spécifique au banking islamique en Algérie concernant les crédits. «Nous demandons justement d´apporter des modifications et des correctifs au cadre législatif pour assurer un ancrage juridique aux produits bancaires islamiques», a-t-il lancé. Le même responsable relève en outre l´important excédent de liquidités au niveau des banques qui ont, dit-il, du mal à être redéployées. Il explique ce problème par le fait que «les banques n´arrivent pas à trouver un créneau et des projets d´investissement». «Il n´y a pas d´investissement jugé bancable et rentable par les banques à la hauteur de leur liquidités. Il faut qu´on arrive à développer d´autres formules», confie-t-il. La banque Al Baraka a réalisé des bénéfices estimés à 1,3 milliard de dinars en 2007 et prévoit d´atteindre 2 milliards de dinars cette année. Durant les dix derniers mois de 2008, 1470 millions de dinars de crédits concernant les produits de consommation, ont été octroyés alors que ceux concernant les entreprises sont évalués à 1105 millions de dinars selon le représentant de la banque. Ce dernier estime que même si l´activité de la finance islamique commence aujourd´hui à se développer dans notre pays, le positionnement de la banque Al Baraka reste en deçà des potentialités. La banque El Baraka, note-t-on, était le seul acteur dans le domaine avant que Al Salam Bank Algérie ne lance ses activités en octobre dernier. Al Baraka banque se situe à 1,8% du marché bancaire global et à 15% du marché privé. A ces deux institutions bancaires s'ajoutent Adib (Abou Dhabi Islamic Bank) et KFH (Koweït Finance House) qui sont également en lice pour une demande d'agrément. De son côté, le président-directeur général de la Société française de conseil en investissements financiers et immobiliers conformes aux principes de la charia, Islam Invest, M.Zoubeir Ben Terdeyet, indique que l´expérience dans ce domaine est embryonnaire en Afrique. Née dans les années 70, la finance islamique vise à développer une offre bancaire conforme aux règles de l'Islam. Elle représente aujourd'hui plus de 700 milliards de dollars d'actifs gérés dans le monde selon les principes de la charia et enregistre une croissance de plus de 20% sur les dix dernières années. Vers 2010, cette capacité va augmenter pour atteindre 1000 milliards de dollars. Par ailleurs, évoquant la crise financière mondiale, M.Hideur a indiqué que les banques islamiques ne sont pas affectées mais «la récession touchera tout le monde».