Désintérêt n Pourquoi la pénétration des institutions financières islamiques se fait-elle timidement, notamment dans des pays musulmans ? Selon des analyses d'experts algériens, «si l'on autorisait les banques islamiques à s'installer en Algérie, une grande majorité d'Algériens se dirigerait vers ces nouvelles banques, plus conformes au modèle islamique. Par conséquent, les pertes pour les banques publiques seraient catastrophiques». L'avenir de la finance islamique reste donc compromis en Algérie, selon des experts. En termes plus précis, la problématique sur les opportunités et les perspectives de la finance reste posée, aussi bien dans les pays musulmans que non musulmans. Des études doivent être faites pour apporter le plus d'éclaircissements possible sur le sujet. L'Algérie s'intéresse-t-elle vraiment à ce système financier ? Telle est la question qui mérite d'être débattue en profondeur. Avant de répondre à cette question, il faut d'abord exposer les faits. En dépit de sa pertinence et de ses bienfaits dans le monde occidental du fait qu'elle a pu résister à la crise financière, il n'en demeure pas moins que cette finance occupe un espace assez réduit sur la place financière. En Algérie, elle représente seulement 1% du total des transactions bancaires, a estimé Mustapha Bouazza, député à l'APN au forum d'El Moudjahid. Ce qui est, selon lui, insignifiant comparativement aux pays scandinaves et à ceux du Proche et Moyen-Orient. Evoquant certains obstacles ayant freiné la finance islamique en Algérie, M. Bouazza recommande des «amendements fiscaux et juridiques qui méritent d'être déployés par les législateurs». «L'absence d'un cadre juridique est un obstacle qui ne permet pas l'émergence rapide de la finance islamique en Algérie», a estimé, de son côté, le directeur central de la Banque Al Baraka, Nacer Hideur. Selon M. Hideur qui s'exprimait lors de la journée parlementaire, «la législation algérienne ne tient pas compte du fonctionnement particulier de ces banques». C'est à peine si «nous sommes tolérés vu que nous évoluons dans un espace réduit», mentionnera un autre représentant de Salam Bank, une autre banque islamique en Algérie. «Le texte sur la monnaie et le crédit doit être revu pour l'intégration des autres instruments permettant aux opérations de banque l'ancrage légal dont elles sont dépourvues», ont recommandé à l'unanimité des spécialistes en la matière. «La loi sur la monnaie et le crédit reconnaît les banques et les capitaux privés, mais pas encore explicitement les produits financiers islamiques. La loi bancaire algérienne (ordonnance 03-11 du 26 août 2003) ne prévoit pas, en effet de dispositions particulières pour les activités bancaires régies par les règles de la charia», a fait remarquer, pour sa part, M. Serrai, expert international. Par ailleurs, il poursuivra : «De par sa politique prudente mais considérée comme remarquable, la Banque d'Algérie n'est pas suffisamment généreuse quant à une ouverture facile et rapide du marché national.» «Ce point étant très sensible, il nécessite un débat national», a-t-il soutenu. Les spécialistes en la matière plaident également pour l'introduction des sukuk dans la gamme des valeurs immobilières. Il est à noter que la première mouture de la finance islamique a vu le jour à Dubaï, selon certains spécialistes avec l'ouverture de la Dubaï islamic Bank. En Algérie, la première banque de ce genre est Al Baraka Algérie, fruit d'un partenariat entre la Badr, une banque publique algérienne, et le groupe saoudien Al Baraka. La deuxième banque Salam Bank a été créée par des investisseurs arabes en 2008.