Dans une déclaration parvenue à notre rédaction, Nadia Matoub, veuve de Lounès Matoub, le chanteur engagé assassiné le 25 juin 1998 dans des circonstances qui n'ont jamais été clairement élucidées, réclame, encore une fois, toute la vérité sur cette tragédie. «Dix-huit ans après l'assassinat de mon mari, Matoub Lounès, nous demeurons nombreux à porter le deuil et à réclamer la vérité. Si notre expérience avec la justice algérienne lors du procès de juillet 2011 a renforcé notre scepticisme, il est de notre devoir de relancer cette affaire», dit-elle en préambule. Nadia Matoub vient en effet de relancer l'affaire en déposant une plainte pour «assassinat de Lounès et tentative d'assassinat sur mes sœurs et moi contre Hassan Hattab, se trouvant actuellement sous surveillance des autorités à Alger». Une plainte a donc été déposée ce 2 juin 2016 auprès du tribunal de la même ville. «La démarche consiste à utiliser tous les éléments juridiquement exploitables et le premier d'entre eux est la revendication de l'assassinat de Lounès par celui qui s'affirmait émir des GIA au moment des faits», écrit-elle encore. Nadia Matoub estime qu'il est «facile de se cantonner dans des convictions concernant les commanditaires et les exécutants de cet ignoble crime» et prévient que «cesser toute action de terrain ne fait que faciliter le confort psychologique des assassins à qui, sans doute, profitent les prétendues révélations et fausses informations entretenues autour de cette affaire». Nadia Matoub déclare ne pas se faire «trop d'illusions sur la volonté des autorités de mener une enquête sérieuse et sans influence», mais le recours à la justice «se veut comme la première étape d'une démarche qui, nous l'espérons, permettra au moins de délier quelques langues et d'apporter des éléments qui nous rapprocheront de la vérité», dit-elle. «Nous ne manquerons pas de vigilance quant aux éventuelles failles de l'instruction à venir et nous dénoncerons toute tentative d'orienter cette dernière dans un sens qui arrangerait des velléités partisanes. Il s'agit de reprendre sur des bases factuelles cette affaire et de la soustraire à l'influence des acteurs politiques. Si notre action s'avère infructueuse, nous envisagerons d'autres pistes. Nous n'oublions rien. Nous ne renoncerons point.»