La veuve du défunt Matoub Lounès, ses deux sœurs Warda et Farida ne sont visiblement pas près de renoncer à leur combat pour faire éclater la vérité sur l'assassinat de celui qui passe, à juste titre, comme le chantre et le porte-étendard de tamazight. Au lendemain du verdict prononcé à l'encontre des deux accusés et dont le procès est assimilé à “une parodie de justice”, les trois sœurs examinent l'éventualité de porter l'affaire une nouvelle fois devant les tribunaux. “Maintenant que l'écueil juridique, inhérent à la problématique de la connexité des faits et des procédures, est dépassé par ce jugement, Mme Nadia Matoub et ses sœurs, fidèles au combat de Lounès Matoub, et en leur qualité de victimes, se réservent le droit de procéder à la saisine des instances judiciaires compétentes pour relancer, avec toute la bonne volonté, la procédure judiciaire sur des bases qui, loin de tout calcul politicien, sont à même de permettre à la vérité de jaillir”, indique un communiqué reçu hier par Liberté et signé par leur avocat conseil, Me Hannoun. En d'autres termes : les trois sœurs entendent porter plainte contre des personnes “en mesure d'être identifiées”. En 2008 déjà, une plainte similaire a été déposée chez le doyen des procureurs. Mais elle a été rejetée au motif que la procédure était en cours. C'est donc naturellement qu'elle décide de relancer cette plainte, maintenant que le procès a eu lieu. Raisons ? Elles considèrent que le procès qui s'est tenu avant-hier a vidé la procédure de “sa sève et de sa charge symbolique inhérentes à la vérité sur l'assassinat du Rebelle”. “En ne se constituant pas partie civile durant l'audience, après avoir présenté leurs motivations au tribunal criminel publiquement, par le biais de leur avocat conseil, les trois victimes se sont démarquées de cette mise en scène qui tend à juger deux accusés mais sans toucher au fond du dossier : la vérité et toute la vérité sur les véritables assassins de Lounès Matoub et leurs commanditaires”, note le communiqué. “En insistant sur la lecture du dispositif de l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation, escamotant de facto volontairement tous les faits, ses exposés des motifs et ses attendus, le tribunal criminel banalise ainsi le dossier Matoub en le réduisant au procès de deux lampistes sans lien direct avec cet assassinat”, ajoute-t-il. Selon Me Hannoun, la peine prononcée ne vise qu'à couvrir la détention préventive et à soulager les autorités. “En condamnant les deux accusés à 12 ans de réclusion criminelle, alors que la peine de mort a été requise par le représentant du parquet, le tribunal criminel n'a fait que prouver que la véritable motivation consiste à couvrir par cette condamnation pénale la détention considérée de jure comme arbitraire.