Les raisons de la fermeture de 32 écoles dans la wilaya de Tizi Ouzou demeurent difficiles à admettre. L'exode rural, phénomène très répandu durant les années 1970, connaît-il une résurgence dans les années 2000 ? En tout cas, ce sont les zones rurales qui sont les plus touchées par la fermeture d'écoles. Quatre à Bouzeguène, trois à Aïn El Hammam et autant à Ath Yenni et huit à Azeffoun. Une dizaine de localités connaissent le même problème. La fermeture de ces écoles est accentuée par des lacunes dans la planification. Car, en dépit de la tendance à la diminution du nombre d'élèves, les responsables du secteur continuent à construire des écoles là où le besoin n'est pourtant pas exprimé. A Aït Abdellah, village de la commune d'Ililten, les responsables du secteur ont fermé une école et à quelques mètres de là, une autre est en cours de construction, témoigne un syndicaliste. Les lacunes dans la planification sont à cet égard criardes. Des écoles récemment réceptionnées sont désertées. La daïra la plus touchée est sans conteste Azeffoun qui totalise huit établissements clos. La commune, elle, compte cinq écoles vidées de ses élèves et de son personnel. Elles sont toutes situées dans des villages enclavés. Aït Sidi Yahia, Ihamziouène, Issoumathène, Ait Si Yahia et Ihenouchène. « Ce sont des écoles de construction récente et elles ont au minimum 5 divisions pédagogiques », affirme Hassan Ouali, P/APC d'Azzefoun. Les retombées sur la trésorerie de la commune sont insupportables. La commune mobilise ses moyens pour assurer le transport scolaire pour des centaines d'élèves, dont certains, comme ceux d'Aït Sidi Yahia, font 15 kilomètres pour rejoindre leur école située au chef-lieu communal. Des enfants de six ans se lèvent tous les jours à 5 h pour prendre le bus sur une si longue distance, sur une route dangereuse et cahoteuse. « Nous mettons à la disposition des enfants deux bus, deux minibus, sept camions aménagés et un fourgon. Et, on fait du social, car les élèves paient un prix symbolique. Le transport nous revient à plus de 2 millions de dinars annuellement. C'est difficile à supporter, mais nous le faisons ». Issoumathène est un paisible hameau situé à quelques kilomètres de la bande littorale. L'école du village, réalisée en préfabriqué, est dans le lot des établissements fermés. Les trois classes qui la composent sont dans un bon état. L'une d'elle n'a plus de porte. Sur le mur, au dessus de l'inexistant tableau, est écrit avec de la craie bleue « tableau des mesures ». Sur un autre mur, une feuille portant des extraits d'un verset coranique colle encore. Traces parlantes d'un passage récent d'enfants qui apprenaient le raisonnement mathématique et la foi musulmane. Triste fin pour cette école. Mais un détail a attiré notre attention et qui suscite des questionnements. Des matelas et des couvertures sont déposés dans un coin. L'école, serait-elle devenue un repaire des sans-abris, des bandits, des terroristes ? Dernière question : A quoi serviront à présent les écoles fermées ?