Les médias britanniques ont consacré hier la majorité de leur espace au référendum de jeudi, estimant que le Royaume- Uni est actuellement plongé dans l'incertitude après avoir voté pour une sortie de l'Union européenne (UE). Si le Daily Telegraph fait partie des rares médias à voir en le Brexit (sortie britannique) la «naissance d'une nouvelle Grande- Bretagne», et un «temps pour l'optimisme et un nouveau départ», le reste de la presse britannique a considéré que le vote par 51,9% pour la sortie de Londres de l'UE, est un «risque comprenant beaucoup d'incertitude». Pour minimiser les retombées sur l'Europe de ce vote, Bruxelles a intimé hier au Royaume-Uni d'engager au plus vite la procédure de sortie de l'Union européenne. «Nous disons ici, ensemble, que ce processus doit commencer aussi vite que possible pour qu'on ne se retrouve pas embourbés», a déclaré à Berlin le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, encadré de ses homologues des pays fondateurs de l'UE, Jean-Marc Ayrault (France), Bert Koenders (Pays-Bas), Paolo Gentiloni (Italie), Didier Reynders (Belgique) et Jean Asselborn (Luxembourg). «Nous devons avoir la possibilité de nous occuper de l'avenir de l'Europe», a-t-il ajouté réclamant au lendemain des résultats du vote pour le Brexit la mise en œuvre de l'article 50 du Traité de Lisbonne, soit la clause de retrait volontaire et unilatéral de l'UE. La colère de Jean-Claude Juncker Plus directs encore, les présidents de la Commission européenne et du Parlement européen, Jean-Claude Juncker et Martin Schulz, ont tiré à boulets rouges sur le Premier ministre David Cameron qui prévoit de ne laisser sa place qu'en octobre à un successeur qui se chargera de négocier la sortie de l'UE. «Ce n'est pas un divorce à l'amiable», a lâché Jean-Claude Juncker à la télévision allemande. Et d'ajouter : «Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement britannique a besoin d'attendre jusqu'au mois d'octobre pour décider si oui ou non il envoie la lettre de divorce à Bruxelles. J'aimerais l'avoir immédiatement.» Martin Schulz a aussi jugé «scandaleux» le choix de M. Cameron, estimant qu'il prenait «tout le continent (européen) en otage». Londres doit invoquer l'article 50, après quoi de longues négociations pouvant durer deux ans doivent déterminer la nature de la nouvelle relation entre Britanniques et Européens. Or M. Cameron, un partisan du maintien, estime qu'il ne lui revient pas d'engager cette procédure. Jean-Marc Ayrault a dans ce contexte appelé le chef du gouvernement britannique à céder sa place très rapidement. Le Royaume-Uni divisé comme jamais Le Royaume-Uni était hier plus divisé que jamais après le choc du Brexit, avec une Ecosse prête à défendre séparément ses intérêts et des perdants en colère, et faisait face à des Européens pressés d'acter le divorce. Une pétition en ligne adressée au Parlement britannique pour réclamer l'organisation d'un nouveau vote atteignait 1,24 million de signatures en milieu de journée, au lendemain de l'annonce de la victoire du Brexit avec 51,9% des voix. En Ecosse, la Première ministre Nicola Sturgeon a annoncé que son gouvernement cherchait à ouvrir des «discussions immédiates» avec Bruxelles pour «protéger sa place dans l'UE». L'Ecosse a massivement voté (62%) pour rester dans l'UE et Mme Sturgeon a confirmé, à l'issue d'une réunion extraordinaire, que son gouvernement préparait les bases légales d'un deuxième référendum sur l'indépendance de la région. A Londres, où l'ex-maire conservateur Boris Johnson, chef de file des pro-Brexit, a été hué à la sortie de sa maison vendredi, certains réclament, avec colère mais sans y croire, l'indépendance pour la capitale qui s'est largement exprimée en faveur de l'UE. Sur les réseaux sociaux, les jeunes qui, selon les sondeurs, ont aussi massivement voté pour le maintien, expriment leur colère contre leurs aînés. Not In My Name (Pas en mon nom) est devenu un hashtag récurrent sur twitter. Les pro-Brexit, eux, continuaient à baigner dans l'euphorie après avoir fêté toute la nuit leur «Independance Day».