La gauche espagnole est la grande perdante des législatives de dimanche. Le chef du gouvernement sortant en Espagne, le conservateur Mariano Rajoy, a réclamé le soir même de l'élection le «droit de gouverner», après avoir remporté les législatives. «Oui, c'est vrai, nous avons gagné», a déclaré Mariano Rajoy à une foule en liesse rassemblée à Madrid devant le siège de son Parti populaire (PP) et agitant les drapeaux bleu azur de la formation aux alentours de minuit. «Et nous réclamons le droit de gouverner, précisément parce que nous avons gagné les élections», a-t-il lancé, après six mois de blocage politique. Le PP, au pouvoir depuis 2011, avait emporté les législatives de décembre, mais avec seulement 28,7% des suffrages. Aucun autre parti n'avait ensuite accepté de lui apporter le soutien nécessaire pour former un gouvernement, lui reprochant les multiples scandales de corruption mettant en cause sa formation. La gauche a elle aussi été incapable de former un gouvernement alternatif. Le PP a cette fois obtenu 33% des suffrages, soit 137 députés sur 350, 14 de plus que lors du précédent scrutin. La majorité absolue de 176 sur 350 à la Chambre continue cependant à lui échapper. Dimanche soir, Pedro Sanchez, le chef du Parti socialiste, a félicité Mariano Rajoy pour sa victoire, tout comme Albert Rivera, qui dirige le parti de centre libéral Ciudadanos. M. Rivera a clairement indiqué qu'il était prêt à entamer des négociations avec les conservateurs pour négocier la formation d'un gouvernement. Les socialistes espagnols ont pour leur part affirmé hier qu'ils n'appuieraient pas Mariano Rajoy. Le secrétaire d'organisation du PSOE, César Luena, a fait valoir qu'il revenait d'abord à Mariano Rajoy de tenter de former un gouvernement, en tant que premier parti politique. «Nous allons y aller pas à pas» mais «celui qui doit prendre l'initiative (de tenter de former un gouvernement), c'est M. Rajoy», a dit M. Luena, numéro trois du parti, à la radio Cadena ser. A la question «les socialistes pourraient-ils s'abstenir» à un vote d'investiture si cela était nécessaire pour former un gouvernement, M. Luena a répondu: la décision «viendra en son temps mais la vocation du PSOE, c'est d'évincer Rajoy». Il a assuré que la position des socialistes restait la même que pendant la campagne, en disant: «nous n'allons pas appuyer Rajoy ni par action ni par omission, pour que ce soit clair». Le PSOE a rejeté la possibilité d'entrer dans une coalition transversale avec le PP et les centristes de Ciudadanos: «Les votes du PSOE reçus hier sont destinés à évincer Rajoy, pour changer les politiques injustes, inefficaces, antisociales du PP», a dit M. Luena. Les Espagnols ont dû retourner aux urnes dimanche, six mois après les législatives du 20 décembre, les partis n'ayant pas été capables de trouver une formule de coalition. Mais les résultats ont peu varié et dans un Parlement fragmenté entre quatre grandes forces- les conservateurs, les socialistes, la coalition de gauche Unidos Podemos et les libéraux de Ciudadanos - une alliance sera incontournable pour pouvoir former un gouvernement.