Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a réclamé « le droit de gouverner », après la victoire de son camp aux législatives de dimanche, trois jours après le vote choc des Britanniques en faveur du retrait de leur pays de l'Union européenne. Le Parti populaire (PP) est arrivé en tête du second scrutin en six mois, avec 137 sièges à la chambre des députés. Il a gagné 14 sièges et quelque 500.000 voix depuis les élections de décembre, mais reste loin de la majorité absolue de 176 députés sur 350. Il a besoin des voix d'autres partis ou au moins de leur abstention pour obtenir la confiance du Parlement. Hier matin, Mariano Rajoy, 61 ans, a indiqué qu'il appellerait les socialistes et le parti libéral Ciudadanos pour lancer des négociations. Mais ses adversaires socialistes ne sont pas prêts à lui faciliter la tâche. Le Parti socialiste (PSOE), arrivé deuxième avec 85 députés, a refusé, hier, de l'aider. Le porte-parole du groupe parlementaire socialiste, Antonio Hernando, a été moins catégorique. « Je ne vois pas de possibilité d'une grande coalition (avec le PP) ni d'une abstention (en sa faveur) mais le PSOE doit réfléchir », a-t-il dit. Le chef du gouvernement conservateur sortant souhaite que le PSOE change d'avis car il aurait du mal à former une coalition pour gouverner, même avec l'appui des 32 députés de Ciudadanos. Podemos a perdu le « sourire » Si le PP est le grand vainqueur du scrutin, la coalition Unidos Podemos, formée par le parti anti-austérité Podemos, dont le slogan a été « le sourire d'un pays », et Izquierda Unida, héritier du Parti communiste, est le grand perdant. Elle a perdu 1,2 million de voix en six mois, même si par le jeu du système électoral elle a conservé 71 sièges, autant que quand les deux partis s'étaient présentés séparément en décembre. « Nous espérions un résultat différent », a reconnu le chef de Podemos, Pablo Iglesias. Les conservateurs, qui ont axé leur campagne contre cette formation, mettant en garde contre les expériences « des extrémistes » et « des populistes », ont crié victoire. Néanmoins, tous les partis espagnols ont promis de tout faire pour éviter de rappeler les électeurs aux urnes pour un « troisième tour ». Ils ont été appelés à leurs obligations par le contexte du Brexit qui a déjà entraîné une chute sans précédent de la Bourse de Madrid vendredi. Rajoy a promis de consulter ses adversaires avant de se rendre au Conseil européen convoqué aujourd'hui pour faire face au départ du Royaume-Uni de l'Union européenne.