Dans une « lettre aux militants, sympathisants et amis », intitulée « Assassinat d'un élu », le premier secrétaire national du FFS, Ali Laskri, résume la vision de son parti suite à l'assassinat le 12 octobre du militant de ce parti, Aïssat Rabah, président de l'APW de Tizi Ouzou. « Il s'agit d'un crime planifié et prémédité et à Dieu ne plaise, nous avons le pénible sentiment qu'il restera impuni et que ce n'est pas le dernier », écrit Laskri. A ses yeux, l'impunité et la répétition seraient dictées par « l'issue des assassinats politiques, des crimes et attentats passés » dont « trop de similitudes nous les rappellent ». Laskri pose la question : qui a tué Aïssat Rabah ? Des pistes. Mais pas de réponses. « Il s'agit d'un élu, et cela nous renvoie aux péripéties qu'a connues l'acte électoral depuis 1990 », note le premier secrétaire national. « De l'arrêt du processus électoral en passant par le trucage à ciel ouvert et de façon industrielle de scrutins, on arrive à empêcher les électeurs de voter et si malgré tous ces obstacles, une élection est remportée, on dissout l'Assemblée qui a été auparavant vidée de ses prérogatives pour terminer par la liquidation physique de l'élu », poursuit-il. Seconde question posée par Laskri : pourquoi Aïssat Rabah a été assassiné ? Le responsable du FFS cite les jusqu-au- boutistes du GSPC, la « guerre des clans » au pouvoir, ou les tenants du « tout-sécuritaire ». Mais ce ne sont que des allégations, selon M. Laskri. Par contre, il explique ces allégations par la « bipolarisation » qui piège le pays, selon lui, entre « l'option de la théologie » et « l'option de la doctrine sécuritaire ». Une situation qui lui rappelle « l'impasse de 1990-1991 ». La crise politique est encore là, dit Laskri : « En fait, n'est-on pas en train de réamorcer la machine à tuer après une relative accalmie ? » « L'éternelle stratégie de tension et de terreur pour différer le retour à une vie institutionnelle ordinaire se voit confirmé par le maintien de l'état d'urgence qui n'empêche ni les assassinats, ni les rapts, ni les rackets, ni la corruption généralisée », soutient Ali Laskri. Selon lui, le pire est à venir. « C'est avec un esprit de responsabilité que je vous alerte sur les risques d'agitation à grande échelle en Kabylie et ailleurs dans les jours, les semaines et les mois à venir. » Le FFS aurait décelé les signes précurseurs de cette « agitation ». « Des niveaux inégalés d'insécurité, des niveaux inégalés de chômage, de malvie couplés à une campagne permanente de dévalorisation du politique. »