Issad Rebrab et Christine Lagarde se sont entretenus sur «la conjoncture qui pèse sur l'économie mondiale» et le choc qu'elle fait subir à certaines économies du pourtour méditerranéen. Le PDG du groupe Cevital, Issad Rebrab, depuis hier à Aix-en-Provence, a été invité à prendre part aux 16es rencontres économiques qui portent le nom de cette ville française. Il a rencontré la patronne du FMI, Christine Lagarde, avec laquelle il a abordé la conjoncture économique mondiale et ses contrecoups sur certains pays, dont l'Algérie. Le patron du groupe Cevital, qui devait intervenir aujourd'hui sur la question de savoir «Quelle forme aura la puissance de demain ?», a eu hier un tête-à-tête avec la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) en marge des dites rencontres, invitée elle aussi à intervenir dans une session intitulée «Quel chemin vers la prospérité économique ?» Ainsi donc, Issad Rebrab et Christine Lagarde se sont entretenus sur «la conjoncture qui pèse sur l'économie mondiale» et le choc qu'elle fait subir à certaines économies du pourtour méditerranéen. Interrogé à l'issue de cette entrevue sur ce que pense le FMI de la tournure qu'a prise l'économie algérienne dans le sillage de la chute des cours pétroliers, Issad Rebrab explique que la patronne du FMI pense que le besoin d'évoluer dans les réformes est plus que jamais pressant. Il explique également que sur tout ce qui permet de faire sortir l'économie algérienne de sa dépendance aux recettes pétrolières, le FMI ne fait que tinter davantage la cloche à coups pressés. «Le FMI l'a déjà dit et attiré l'attention des responsables sur la nécessité d'évoluer dans les réformes», nous confie M. Rebrab, rencontré à Aix-en-Provence, en marge des 16es rencontres économiques. Le discours du FMI sur l'économie algérienne n'a donc pas changé d'un iota, remettant désormais la balle dans le camp du gouvernement duquel dépend la volonté de réforme. Même le PDG de Cevital estime que le temps presse et que des réformes structurelles s'imposent pour faire face à la crise. Issad Rebrab devrait intervenir aujourd'hui devant un panel dédié à entrevoir «la forme qu'aura la puissance de demain». De son point de vue, «la colocalisation est un levier de croissance et de développement permettant à des entreprises et à des pays d'être compétitifs». La colocalisation à travers Oxxo en est le meilleur exemple, selon Issad Rebrab. «Il est question de disposer des avantages comparatifs des deux rives nord et sud, les mélanger et permettre aux entreprises d'en profiter et aux pays de tisser une relation de gagnant-gagnant», explique le patron de Cevital, comme pour donner un avant-goût de ce que sera le contenu de sa conférence prévue aujourd'hui à l'université d'Aix-Marseille. Selon lui, un pays ne peut se refermer sur lui-même, mais s'ouvrir aux autres économies du globe. Il estime que l'Algérie dispose d'importants avantages comparatifs pour permettre l'émergence de grands groupes et d'une politique tournée résolument vers l'exportation, pour peu que «l'on libère les initiatives». Issad Rebrab voit en l'acquisition par son groupe des usines Brandt et des aciéries italiennes Lucchini la formule idoine permettant à des groupes d'émerger et à un pays d'exporter, tout en profitant des avantages comparatifs dont disposent les deux rives de la Méditerranée. Tout ceci représente pour lui une des formes qu'aura la puissance de demain. Il faudra repenser l'évolution de l'entreprise dans un écosystème de globalisation, de sorte à trouver de nouvelles recettes pour une meilleure dynamique. Issad Rebrab, rencontré en marge de ses one-to-one avec plusieurs décideurs et économistes, insiste sur l'importance de tirer profit des avantages comparatifs des deux rives de la Méditerranée pour se hisser au rang des économies compétitives. Un plaidoyer à l'heure où plusieurs économies de la planète se voient confrontées à des pannes de croissance et d'innovation. Outre la patronne du FMI, Issad Rebrab a rencontré également hier Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, un réseau de réflexion qui réunit actuellement 30 économistes et universitaires, dont la mission est d'organiser et de promouvoir le débat économique, ainsi que Mario Monti, ex-président du Conseil des ministres italien.