C'est officiel, depuis le 13 octobre 2006, une loi française reconnaît le génocide dont les Arméniens ont été victimes... en Turquie ! Si les députés ont voté à grande majorité cette loi, il n'en reste pas moins que certains regrettent que cette partie de l'histoire soit étudiée et classée par les politiques et non pas par les historiens, qui ont pourtant pour métier de nous rapporter les faits historiques de nos aïeuls. Cette décision, bien que noble, apporte tout de même son lot d'interrogations qui pourrait nous laisser bien perplexes. A commencer par ces historiens qui dénoncent quoi ? Que des politiques aient pris le rôle qui leur était échu, qui est celui d'analyser et de poser des faits marquants pour les générations futures. Jugés trop lents, les politiques leur ont donc emboîté le pas. Ensuite, il y a ces députés fiers de leur vote concernant des faits historiques d'un pays tiers. Et il y a cette seconde question, pourquoi avoir fait le choix de ce peuple opprimé et pas un autre ? Même mieux, pourquoi pas tous les autres ? En quoi le massacre de la population arménienne est plus tragique que les autres génocides. Les Amérindiens du Sud n'ont-ils pas été massacrés par ceux qu'on retrouve dans les livres de classe sous le superbe nom de Conquistadors ? La traite des Noirs n'a-t-elle pas eu lieu grâce aux grands navigateurs ? Les Indiens du Nord, n'ont-ils pas été victimes de la célèbre et épique conquête du nouveau monde ? Et puis, il y a l'Afrique et ses tracés de frontières au gré des humeurs des colonies et des alliances. Ses classifications ethnologiquement savantes des différentes tribus, dont le plus bel héritage fut sans conteste celui des Tutsies et des Hutus. Pour revenir au génocide, nous avons parlé de la Turquie et de ses Arméniens et si nous parlions de la France et de son passé ? Le négationnisme s'arrête à quelle frontière, à quel pays ? Si le Maroc et la Tunisie ont été des protectorats, que pensent les historiens des événements de 1947 à Madagascar et de la conquête de l'Algérie ? Quel député a étudié le décret Crémieux qui a brisé une homogénéité multireligieuse dont nous subissons jusqu'à présent les conséquences ? A ceux qui parlent du rôle positif de la France en Algérie, j'offre en guise de conclusion cet extrait de lettre du général Pierre Bosquet, écrite en ce jour du 21 mai 1851 à Beni Amrane (Kabylie) : « Rentré sous ma tente, je me prends à songer à ces populations kabyles qui défendent si vigoureusement leur vieille indépendance qui n'avait jamais été entamée. Je trouve que la guerre est une abominable chose quand j'entends de loin les plaintes et les cris de ceux qui relèvent leurs morts et leurs blessés, cris auxquels se mêlent les plaintes des femmes et des enfants. Que de veuves, que d'orphelins nous faisons ces quelques jours pour achever la conquête, pour assurer à la France une gloire de plus. »