L'auteur de l'attaque, que Daech a présenté dans sa revendication comme «un soldat de l'Etat islamique», semblait jusque-là avoir davantage un profil de déséquilibré. Il était inconnu des services de renseignement et n'avait pas de lien avéré avec l'islamisme radical. Le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique a revendiqué, hier, l'attentat de Nice, sur la Côte d'Azur, qui a fait 84 morts, dont une dizaine d'enfants. Au moins 17 étrangers ont trouvé la mort dans l'attaque, dont trois Algériens, trois Allemands, deux Américains et trois Tunisiens. Le président français, François Hollande, a décrété, à partir d'hier, trois jours de deuil national. Encore sous le choc de cette tuerie de masse perpétrée à l'aide d'un camion, des rescapés ou des proches des victimes cherchaient, hier, des informations ou du soutien psychologique dans plusieurs hôpitaux de cette ville du Sud-Est. Le drame a eu pour théâtre la célèbre promenade des Anglais, à Nice, à la fin du feu d'artifice de la fête nationale du 14 Juillet. Le camion était conduit par un Tunisien de 31 ans, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. L'auteur de l'attaque, que Daech a présenté dans sa revendication comme «un soldat de l'Etat islamique», semblait jusque-là avoir davantage un profil de déséquilibré. Il était inconnu des services de renseignement et n'avait pas de lien avéré avec l'islamisme radical. «Il semble qu'il se soit radicalisé très rapidement, ce sont des premiers éléments qui apparaissent à travers les témoignages de son entourage», a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, à l'issue d'une réunion de crise du gouvernement à l'Elysée. «Nous sommes désormais confrontés aux individus qui sensibles au message de Daech s'engagent dans des actions extrêmement violentes sans nécessairement avoir participé aux combats, sans nécessairement avoir été entraînés et sans disposer d'armes destinées aux attentats de masse», a ajouté M. Cazeneuve. «Nous sommes face à un attentat de type nouveau» qui illustre «l'extrême complexité de la lutte antiterroriste». Mohamed Lahouaiej-Bouhlel était connu de la justice seulement pour des faits de «menaces, violences, vols et dégradations» commis entre 2010 et 2016. Selon son père, il avait fait une dépression au début des années 2000 et n'avait pas de pratique religieuse affichée. Quatre hommes de l'entourage du Tunisien ont été placés en garde en vue. L'ex-épouse du tueur, abattu par la police après avoir écrasé familles et touristes sur la promenade des Anglais, était toujours en garde à vue hier matin. Nombre de quotidiens s'interrogeaient hier sur la façon dont le camion frigorifique de 19 tonnes avait pu pénétrer jeudi soir en pleine fête nationale dans une enceinte réservée aux piétons et sécurisée par les forces de l'ordre en période d'état d'urgence. Le ministre de l'Intérieur a balayé ces critiques, répétant que la police était «présente, très présente, sur la promenade des Anglais» jeudi soir. Le camion a forcé le passage en montant sur le trottoir, a-t-il rappelé. Pendant une réunion de crise, le président français, François Hollande, a de son côté lancé un appel à «la cohésion et à l'unité» en France et dénoncé les «tentations de diviser le pays», selon le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. «L'idée qu'il (le Président) se fait de la France, c'est que ça doit rester un grand pays du vivre-ensemble, l'idée qu'il se fait de la France, c'est un pays qui respecte ses valeurs et ses principes et ses valeurs républicaines», a-t-il ajouté. Le président français a annoncé la prolongation, pour trois mois supplémentaires, de l'état d'urgence. Ce régime d'exception, décrété après les attentats du 13 novembre 2015, facilite notamment les perquisitions et l'assignation à résidence de suspects.