Les Palestiniens ont décidé de mettre fin aux faux fuyants et autres dérobades, quand ce n'est pas de la simple complicité, en mettant le doigt sur des faits que l'histoire doit aborder avec lucidité, dire la responsabilité des uns et des autres, pour mieux les juger. Il va sans dire que leur condamnation est inévitable. Lors du Sommet arabe qui vient de se dérouler dans la capitale mauritanienne, les Palestiniens ont appelé la Ligue arabe à soutenir la plainte qu'ils entendent déposer contre le Royaume-Uni pour avoir, dans la Déclaration Balfour de 1917, promis aux juifs un foyer national en Palestine. «Près d'un siècle a passé depuis 1917», a lancé lundi le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad Al Malki, dans un discours. «Sur la base de cette promesse faite par une partie ne possédant pas (la terre) à une partie ne (la) méritant pas, des centaines de milliers de juifs d'Europe et d'ailleurs sont venus s'installer en Palestine aux dépens de notre peuple, dont les ancêtres vivaient depuis des millénaires sur les terres de notre patrie», a-t-il poursuivi. M. Al Malki est ensuite revenu sur les exactions commises en 1948 et l'exil de centaines de milliers de Palestiniens, dont les descendants sont aujourd'hui réfugiés et en diaspora, les présentant comme résultant de la Déclaration Balfour. S'il fallait récapituler, l'on soulignera surtout le fait que le royaume de Grande-Bretagne s'est emparé de territoires au Moyen-Orient et en a cédé une partie. Autrement dit, donné ce qui ne lui appartient pas. Ce qui a fait dire à l'époque déjà à certains historiens que cette déclaration est purement et simplement une violation du territoire palestinien. Plus précis, l'écrivain Arthur Koestler affirme qu'«en Palestine, une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d'une troisième». Et juste après avoir décidé, le 2 novembre 1917, de donner ce qui ne lui appartient pas, déclenchant ainsi l'une des plus grandes injustices de l'histoire si elle ne l'est déjà, Lord Balfour déclarera, deux années plus tard, exactement en juin 1919, que «la Palestine est un cas unique. Nous ne traitons non point avec les souhaits de la communauté existante, mais recherchons consciemment à reconstituer en Palestine une nouvelle communauté et à y édifier définitivement une autre majorité numérique dans l'avenir». Les intentions sont donc évidentes et même clairement revendiquées, en attendant qu'elles soient assumées, ce qui est une autre histoire. Comme celle de la colonisation que certains s'évertuent à traiter par tranches, car parler de crimes revient à considérer qu'il y a bien autre chose. Pourtant, le débat n'a même pas lieu d'être, le colonialisme étant considéré comme un crime. Même si cela se fait dans le cadre des Nations unies. Le 29 novembre 1947, le plan de partage de la Palestine (ou plus exactement de ce qui restait de la Palestine) est en effet approuvé par l'Assemblée générale de l'ONU, à New York (résolution 181 de l'Assemblée générale), la Grande-Bretagne, aussi paradoxal que cela puisse paraître, s'y abstiendra. C'est cette responsabilité qui a été rappelée, il y a une année, au Parlement britannique à l'occasion d'un vote en faveur de l'Etat palestinien que le gouvernement de ce pays a refusé de suivre. Un spécialiste du Proche-Orient a relevé que le texte voté par la Chambre des communes britannique a beau être «symbolique et non contraignant», il est bien plus significatif que celui de n'importe quel autre Parlement. «Sans la Grande-Bretagne, le conflit n'existerait pas», affirme-t-il. C'est le sens de la démarche palestinienne. Et le siège au sein de l'ONU n'est que justice, ou encore, une reconnaissance de l'injustice faite au peuple palestinien. C'est le sens de la démarche envisagée par la direction palestinienne.