Les travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) de Rouiba ne sont pas près de céder les acquis arrachés de haute lutte par leurs aïeux. Avant-hier, des centaines d'entre eux ont observé un arrêt de travail pour protester contre l'annulation de la retraite anticipée, décidée à l'issue du dernier Conseil des ministres. «Ceux qui ont failli dans la gestion du pays doivent démissionner. Ce n'est pas à nous, simples travailleurs, d'assumer leur échec», s'écrient des employés de la division du véhicule industriel (VIR), la filiale mère du groupe SNVI. Les travailleurs se disent décidés à reprendre la protestation et investir la rue dès septembre prochain pour préserver leur droit à la retraite proportionnelle ou sans condition d'âge après 32 ans de service. Une information confirmée par le secrétaire général de l'union locale, M. Messaoudi, et d'autres cadres syndicaux de la zone industrielle de Rouiba. «Nous ne nous tairons jamais. Nous ne sommes pas les responsables des travailleurs, mais nous sommes responsables devant eux», a affirmé Slimane, syndicaliste et membre du comité de participation du VIR. Et d'ajouter : «La quasi-totalité des employés de l'entreprise sont partis en congé jeudi dernier, mais nous nous sommes entendu avec eux et d'autres syndicats de la zone pour mener une série d'actions dès septembre prochain.» «L'état se trompe de solution !» Un autre syndicaliste indique que «l'entreprise emploie plus de 6500 personnes, dont plus de 1100 cumulent plus de 32 ans de service». «La plupart ont plus de 50 ans et sont très affaiblis à cause de la pénibilité des tâches qu'ils assurent, mais au lieu de les remercier, on veut les réduire à l'esclavage. Alors que des milliers de jeunes sont au chômage et aspirent à être recrutés à la place de leurs aînés», déplore-t-il avant de battre en brèche les arguments avancés par le Conseil des ministres pour faire passer «ses» amendements. Pour lui, le gouvernement ne réussira jamais à établir la nomenclature des métiers pénibles. «L'Etat se trompe de solution. Si on veut sauver la CNR, on n'a qu'à lutter contre l'emploi informel et la fraude fiscale. En 2015, le nombre de salariés était de 7,4 millions alors que les cotisants ne représentaient que 5,1 millions», appuie-t-il, estimant que «ce n'est pas la retraite anticipée qui est à l'origine du déséquilibre financier de la CNR». «C'est l'Etat qui paie à ce jour les allocations familiales des travailleurs des entreprises publiques, privées et étrangères. Alors que cet argent, dont le montant dépasse 40 milliards de dinars, devrait être versé à la CNR qui connaît un déficit de 400 milliards», a-t-il ajouté. Notre interlocuteur rappelle que plus de 172 milliards de dinars de l'argent cotisé depuis 2001 par les travailleurs pour la Caisse de l'assurance chômage ont servi au financement de projets fantoches et non productifs.