Le film consacré à l'Emir Abdelkader coûtera, selon la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, plus de 5 milliards de dinars d'après les offres présentées. «Ce coût, élevé à première vue, est infime, comparé à des films de dimension internationale dont les coûts dépasseraient de 5 fois ce chiffre», précisera la ministre. Evoquant les «problématiques liées à la loi des transactions publiques», Mme Toumi dira que c'est «une problématique juridique» qui a souvent piétiné les projets culturels. A cet effet, elle a insisté sur la nécessité de concrétiser ce projet qui s'est avéré «une priorité pour le président de la République, Abdelaziz Bouteflika», remarquant par là même que «c'est le Président lui-même qui a insisté sur le fait que le film doit être une merveille cinématographique nationale et mondiale». Aussi, le ministère de la Culture a-t-il contacté des réalisateurs de renommée internationale pour la collecte de toutes les données nécessaires à la réalisation de ce projet avant de procéder à la sélection de la société réalisatrice. Pour la réalisation de ce film qui remonte à deux décennies et qui n'a pas encore vu le jour en dépit d'une forte volonté de ses concepteurs, de grands historiens et écrivains ont été sollicités, entre autres, le diplomate et penseur Boualem Bessaieh qui a concocté un scénario complet pour le film. Selon la ministre, cette œuvre cinématographique vise à mettre en valeur l'ensemble des qualités de l'Emir Abdelkader se rapportant aux domaines intellectuel et culturel, militaire et politique, mettant en exergue le poète, l'homme de lettres, le chef militaire, l'homme d'Etat et le diplomate ayant laissé des empreintes indélébiles. «On ne peut pas se hasarder dans de tels projets de valeur sans s'assurer, au préalable, de son total succès», a par ailleurs indiqué la ministre tout en affirmant que la préparation du projet est «l'étape la plus difficile avant sa mise sur pied». L'importance accordée à ce projet de film ne peut qu'être saluée au vu de la dimension du personnage. En effet, l'Emir Abdelkader est loin d'être un simple personnage historique. C'est tout un symbole de la lutte anticoloniale et du combat pour la liberté. Né le 6 septembre 1808, près de Mascara, dans l'Ouest algérien, l'émir est un théologien soufi, mais également écrivain, poète, philosophe, homme politique et résistant militaire face à l'armée coloniale française. Il s'éteint le 26 mai 1883 à Damas, en Syrie. En fait, l'Emir Abdelkader s'est distingué dès son jeune âge comme un leader. Après la prise d'Alger en 1830, Sidi Mahieddine et le jeune Abdelkader participent à la résistance populaire. Les tribus de l'ouest de l'Algérie se réunissent et veulent choisir un chef pour défendre le pays. Sidi Mahieddine sollicité s'excuse en raison de son âge et propose son fils, ce dernier fait l'unanimité et est investi en qualité d'émir par une grande assemblée réunie près de Mascara, le 17 novembre de la même année. Il est également le concepteur de la capitale mobile : la Smala. Pour la France coloniale de l'époque, il était le modèle de «l'indigène» éclairé et cultivé. Pour l'avoir combattue avec honneur, il fut respecté même par ses propres ennemis. C'était, de la part de la France, reconnaître l'ouverture d'esprit et la profonde humanité de l'homme d'honneur qu'il a été durant toute sa vie. Il a échangé une très prolifique correspondance avec des Français, dont la contribution apportée au livre du général Daumas sur le cheval. Il faut citer également les relations et les entretiens qu'il eut avec Monseigneur Dupuch, évêque d'Alger. L'étude de la relation entre l'Émir et Monseigneur Dupuch est extrêmement intéressante et montre un esprit ouvert et tolérant dans une époque pourtant difficile. Il convient de citer le roman publié en 2006 par l'écrivain algérien Waciny Laredj, le Livre de l'Emir, qui prend appui sur cette relation. F. B.-C.