Par ces journées caniculaires d'été, «s'mayem» dans le langage du terroir, un zéphyr de résurgence citoyenne vient de souffler sur un quartier de La Casbah, plus précisément à la rue Arbadji Abderrahmane (ex-Marengo) et à la rue Mohamed Bencheneb mitoyenne, où est implantée la médersa Ethaâlibya d'Alger chargée d'histoire et de culture où a enseigné cet illustre professeur, savant et érudit de notoriété universelle pendant de très longues années. Ainsi, un groupe d'habitants et de jeunes vient d'inaugurer une action de réhabilitation de l'environnement dans l'enceinte de la cité antique. C'est un minuscule jardinet de belles roses écarlates qui vient d'être aménagé sur les lieux d'une ancienne vespasienne de l'époque coloniale, transformée des années durant en dépotoir d'immondices et d'ordures ménagères déposées par incivisme rampant, sans interruption tout au long de la journée. Au 18 rue Arbadji Abderrahmane, c'est un point noir identique qui aussi a été nettoyé pour faire peau neuve avec de belles plantes ornementales dans un décor esthétique et accueillant. Dans le prolongement de cette rue, au n°23 plus précisément, se trouve l'immeuble appelé Musée du civisme pour son embellissement d'art qui est l'œuvre de son plus vieil habitant, Didou, âgé aujourd'hui de 87 ans, devenu l'ami de nombreux visiteurs nationaux et touristes étrangers émerveillés par un véritable chef-d'œuvre de décoration artisanale de raffinement. Un défi vient ainsi d'être relevé au grand réconfort de l'ensemble de la population de voir enfin l'avènement d'un projet citoyen et essentiellement de la jeunesse qui s'implique activement pour sauvegarder l'environnement de la vieille cité, dont la propreté et les senteurs de hbaq, fel, sissène et yasmine était le modèle déclamé par un proverbial dicton populaire très usité à l'époque. D'éminents visiteurs étrangers, à l'exemple d'André Ravereau, architecte prestigieux et réputé, honoré de l'Ordre du mérite national Achir qui a consacré un ouvrage d'anthologie à La Casbah et son architecture avec ses légendaires terrasses tramées de substances culturelles citadines de l'ancestrale boqala, un jeu féminin de grande littérature d'oralité perspicacement développé par l'écrivain Kaddour M'hamsadji dans un ouvrage didactique très instructif de deux volumes, intitulé Le jeu de la boqala, C'est cette prise de conscience citoyenne participative qui pourrait être un déclic salvateur et salutaire pour la préservation et la conservation d'un précieux patrimoine incarné par la lumineuse légende d'Alger la Blanche, El Djazaïr, et son repère historiquement plurimillénaire qu'est La Casbah. Ceci au souvenir de la célèbre chanson Dzayer Ya El Assima de Abdelmadjid Meskoud, actuellement convalescent et auquel nous souhaitons une prompte guérison, qui a immortalisé par un hymne émouvant les splendeurs d'El Bahdja et d'El Mahroussa d'antan.Un legs générationnel à perpétuer par une pratique sociale civique persévérante, d'amour, d'affection et d'attachement pour les lieux de mémoire et d'histoire hérités de nos aïeux dans la symbolique culturelle de notre capitale et de son environnement. L'heureux événement tend ainsi à l'optimisme avec l'essor naissant de ces initiatives d'émanation citoyennes dans certains quartiers de la capitale pour éradiquer progressivement le spectre hideux de l'incivisme, fléau ravageur d'enlaidissement de la beauté de nos villes, villages et des fascinantes côtes de nos extatiques rivages bleutés de l'édénique Méditerranée. Que cette démonstration citoyenne soit essaimée au sein de la société pour susciter une émulation de renouveau à dessein de pérenniser la survivance des valeurs émancipatrices de citadinité et d'urbanité qui furent séculairement une tradition comportementale de notre société. Lounis Aït Aoudia Président de l'association les Amis de la rampe Louni Arezki - Casbah