Nous n'avons jamais été favorables à l'application de la peine de mort, le PT plaide pour son abolition. Certaines parties ont politisé l'affaire Nihal et n'ont pas hésité à instrumentaliser la peine de mort à des fins électoralistes», dénonce la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, lors d'une conférence de presse animée hier à Alger. Affirmant qu'elle partage la douleur de la famille Si Mohand, Mme Hanoune estime que l'Etat et la société ne doivent pas se comporter comme des criminels et, s'ils répondent à un crime par un autre, ils sont, dans ce cas, dans une situation d'échec. «On ne peut pas réclamer à la fois la modernité et l'obscurantisme. Certaines parties n'ont pas hésité à utiliser cette tragédie pour demander l'application de la peine de mort. On ne peut pas utiliser une telle tragédie pour des raisons idéologiques», s'insurge la première dame du PT, insistant sur la nécessité, aujourd'hui, d'une prise en charge psychologique de la famille de la victime tout en évitant de «politiser» l'affaire. Face à cette tragédie et à la terrible série d'enlèvements d'enfants, Mme Hanoune demande au gouvernement des mesures strictes. Durant plus d'une heure, l'oratrice s'est attardée sur la crise qui secoue la pays et la rentrée sociale qui risque d'être chaude en raison des mesures antisociales mises en œuvre par le gouvernement. Abordant la question des prochaines joutes électorales, notamment les législatives de 2017, la conférencière se démarque des autres partis politiques qui commencent déjà à se positionner. Pour Mme Hanoune, ces élections ne constituent nullement une priorité pour son parti. Sa première préoccupation, dit-elle, est de préserver l'Etat en tentant de stopper le rouleau compresseur qui risque de le broyer : «Nous avons des préoccupations qui n'ont aucune approche avec les élections. Au PT, nous refusons des élections qui se déroulent dans une période qui ressemble à une situation de guerre.» A la question de savoir si le PT envisage de demander le report des prochaines élections législatives, Mme Hanoune rappelle, encore une fois, que les élections ne sont pas une priorité pour son parti. «Au parti nous ne discutons même pas de cette question. Il est donc prématuré de parler des élections ou de leur report. Nous focalisons nos débats sur la situation et les problèmes extrêmement dangereux auxquels nous faisons face actuellement», a-t-elle répliqué. Pour Mme Hanoune aucun pays ne peut subir une telle offensive — les mesures d'austérité — et rester les bras croisés. Selon elle, lorsque l'Etat perd sa base, une explosion sociale peut intervenir à tout moment. «La politique d'austérité est meurtrière d'autant plus qu'elle ne touche que les couches défavorisées. Ceux qui décident ne savent pas qu'ils réunissent les conditions pour que la majorité du peuple se soulève. Nos décideurs n'ont pas appris les leçons des autres pays», a-t-elle souligné. Pour elle, ce n'est pas un hasard si les syndicats ont fait jonction pour riposter aux décisions antidémocratiques prises par le gouvernement. «En touchant aux secteurs de la santé, de l'éducation et à la retraite anticipée, le gouvernement vise la destruction de l'Etat social. La remise en cause de l'acquis de la retraite annonce également un dérèglement généralisé», a-t-elle estimé. La première dame du PT n'est pas la seule à tirer la sonnette d'alarme. Le dernier rapport de la gendarmerie conforte sa position. «Même la gendarmerie a publié un rapport surprenant. Un rapport politique qui fait le lien entre la dégradation sociale et la sécurité», rappelle Mme Hanoune, dont le parti soutiendra les actions des syndicats, mais n'appellera pas à des grèves ou à une grève générale. Interrogée sur l'état de santé du président Abdelaziz Bouteflika et s'il est au courant de la situation du pays, Louisa Hanoune rappelle qu'«on vit dans un pays de rumeurs». «Nous avons entendu que le Président était bien lors du dernier Conseil des ministres. Mais est-ce que cela est vrai ou pas, je n'ai aucun moyen pour répondre à cette interrogation», a-t-elle indiqué.