L'Union européenne (UE) s'inquiète pour sa sécurité énergétique et attend un changement politique en Algérie. C'est ce que révèle un article de Politico posté jeudi dernier, rapportant des déclarations de responsables européens qui se sont exprimés, sous le sceau de l'anonymat, sur les efforts de l'UE visant à diversifier ses approvisionnements gaziers et à sortir de sa dépendance de la Russie, jugée «peu fiable politiquement». Selon le média américain, l'UE «est prête à mettre en place un plan économique d'investissement massif en Algérie en échange d'une plus grande ouverture du pays». Sauf que, souligne Politico, la situation politique du pays freine ce projet. Les autorités algériennes ralentissent, ajoute Politico, la conclusion d'un éventuel accord. Parmi les éléments de blocage, l'auteur de l'article cite le Président Bouteflika. «Ils (les responsables algériens) attendent que Bouteflika meure ou qu'il y ait un changement politique. Ils savent qu'ils doivent changer», précise Politico en citant une source européenne anonyme. «Le changement tarde à venir et Bruxelles prépare l'après-Bouteflika», soulignent les sources de Politico. Citant les derniers déplacements de responsables de l'UE en Algérie en 2015, l'article en question revient sur la volonté des dirigeants des deux côtés de la Méditerranée «de développer les exportations d'hydrocarbures algériennes vers l'UE». Et cela dans le cadre d'un accord où chacun trouve son compte. Les termes de cet accord portent, d'un côté, sur la garantie de la sécurité d'approvisionnement et la lutte contre l'immigration pour l'Europe et, de l'autre, sur la stabilisation, le soutien financier (investissements massifs) et la diversification économique pour l'Algérie. Cap sur le MidCat Selon les responsables européens cités dans l'article, l'Algérie dispose de deux choix seulement : développer sa production de gaz et devenir «la Norvège du Sud» pour l'UE, ou laisser son industrie gazière décliner encore pour être, en raison de la croissance de sa demande interne, un importateur net de ce produit. Afin d'éviter la deuxième possibilité, l'UE pense que le pays est appelé à produire davantage d'hydrocarbures, en améliorant sa législation afin d'attirer les investissements des majors pétroliers européens. Car selon l'article, l'Europe reste très critique envers la règle des 51/49% qui donne l'avantage à Sonatrach et à l'Algérie sur tous les gisements exploités. La législation algérienne est jugée «la pire de toute la région». Le développement du secteur énergétique algérien, souligne la même source, «est si lent que cela peut prendre jusqu'à 17 ans pour réaliser un projet de gaz de l'exploration à la production, alors que la moyenne mondiale est de cinq à huit ans». En plus de la production d'hydrocarbures, l'Algérie, lit-on dans le même article, doit «développer sa production d'énergies renouvelables pour faire face à la demande interne et diversifier son économie pour sortir de la rente pétrolière». Politico rappelle également l'intérêt des Européens à la réalisation du projet du nouveau pipeline entre l'Espagne et la France, baptisé MidCat (190 kilomètres). Ce chantier, qui permettrait d'envoyer des quantités importantes de gaz algérien en Europe, est défendu, indique Politico, par l'Espagne et le Portugal avec le soutien de la Commission européenne. «Mais la France s'oppose», lit-on dans cet article.