Le Nigeria — qui vient de perdre sa place de plus grand producteur de pétrole en Afrique au profit de l'Angola — juge peu probable la conclusion d'un accord sur la réduction de la production des membres de l'Opep lors de la réunion informelle prévue à Alger, selon le ministre nigérian du Pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu. «Allons-nous réduire les volumes ? Ça m'a l'air difficile !» a déclaré le ministre nigérian jeudi dernier à Lagos, cité par l'agence Reuters, ajoutant toutefois que toutes les options sont sur la table et d'autres mesures pourraient avoir un impact sur le marché où l'offre demeure toujours excédentaire. «Est-ce que cette réunion contribuera à soutenir le prix ? Eh bien oui, si nous parvenons à avoir des conversations avec la Russie, les Etats-Unis et le Mexique», a fait savoir M. Ibe Kachikwu. Le dirigeant nigérian a relevé aussi que la production de pétrole brut de son pays était tombée en quelques mois de 2,2 millions à 1,56 million de barils par jour en raison d'attaques sur les sites pétroliers dans le sud-est du pays. La production de pétrole du Nigeria, qui compte pour 70% dans les revenus de l'Etat, a fortement diminué, entraînant le Nigeria dans une grave crise financière et énergétique. Selon des chiffres de l'Opep publiés à la mi-août, le Nigeria produit 1,5 million de barils par jour — contre 1,78 million pour l'Angola, devenu le premier exportateur du continent africain — et accuse une chute de 21,5% par rapport au mois de janvier (soit un manque à gagner de 41 300 barils par jour). A l'instar du Nigeria, de nombreux pays producteurs de pétrole sont fortement touchés par la chute des prix de pétrole, entamée à la mi-2014. A titre d'exemple, les revenus pétroliers de l'Algérie ont chuté de 70% depuis l'été 2014. Une réunion informelle des grands pays producteurs de pétrole doit avoir lieu le mois prochain, en marge du Forum international de l'énergie (IEF) qui se tiendra du 26 au 28 septembre à Alger. L'occasion peut-être de relancer les négociations sur un gel de la production afin de soutenir les cours du brut. Une participation de la Russie, non membre de l'OPEP, au Forum d'Alger était encore à décider, selon le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak. Le cas échéant, M. Novak a confié qu'il pourrait rencontrer son homologue saoudien, Khaled Al Faleh, en marge du congrès. Une première tentative de gel de la production de l'Opep au niveau de janvier avait échoué en avril. L'Arabie Saoudite, chef de file de fait de l'Organisation en raison de son poids sur le marché mondial, avait exigé que la décision s'applique à tous les pays producteurs, y compris l'Iran, son rival dans la région. Mais Téhéran a souhaité au contraire augmenter ses pompages pour profiter de la levée des sanctions internationales qui limitaient ses exportations. Après un fort plongeon suite au Brexit fin juin, les cours de pétrole ont repris de la vigueur sur les marchés. Le brent, la référence européenne du pétrole brut, a dépassé la barre des 50 dollars ces derniers jours alors qu'il se négociait autour de 42 dollars fin juillet.