Il y a quelques années, l'évocation de la wilaya de Boumerdès suscitait de la frayeur. Cette wilaya côtière était célèbre non pas pour ses magnifiques plages au sable fin, mais plutôt pour les attentats terroristes qui rythmaient la vie de ses habitants depuis le début des années 1990. Aujourd'hui, tout a changé. La région est devenue une destination très prisée par les vacanciers. Malgré le manque d'infrastructures d'accueil et autres insuffisances qui subsistent çà et là, le tourisme balnéaire a de beaux jours devant lui. D'après Nour Zoulim, directeur local du tourisme, «l'année passée, pas moins de 12 millions de personnes, dont 2500 étrangers, ont séjourné dans la région. Ce nombre pourrait augmenter de moitié cette année». Selon lui, cela a été rendu possible grâce notamment aux efforts consentis en matière d'aménagement des plages. «Cette année, nous avons ouvert 36 plages à la baignade, dont 20 sont aménagées et dotées de parkings, de douches et de toilettes», a-t-il précisé. Mais les conditions d'accueil diffèrent d'une plage à une autre et d'une localité à une autre. L'essor du secteur passe d'abord par le changement des mentalités, l'application des lois en vigueur, la lutte contre la corruption et la mafia du foncier. A Zemmouri et Cap Djinet, il est très difficile de trouver une place où implanter son parasol. Malgré l'instruction du ministère de l'Intérieur qui consacre la gratuité d'accès aux plages, les estivants ne peuvent s'offrir une baignade sans mettre la main à la poche. A Boumerdès, les familles dont le poids du conservatisme pèse encore lourd sur leur mode de vie, préfèrent se rendre à la 1re plage. Tandis que les gens plus en moins «ouverts» et peu regardants sur les tenues de baignade optent généralement pour la plage qui se trouve de l'autre côté du site du Rocher noir. Ces plages connaissent une affluence record depuis le début de la saison estivale. La ville est animée nuit et jour. Contrairement aux années précédentes, cette saison les parkings sont cédés gratuitement. Ce qui n'est malheureusement pas le cas au niveau des plages de Dellys, Cap Djanet, Zemmouri, Afir et Sidi Daoud, où les automobilistes sont sommés de payer 100 DA à l'avance pour garer leur véhicule. Depuis sa dotation en éclairage public, le boulevard du front de mer de l'ex-Rocher noir est devenu la destinantion préférée de tous les habitants de la région. 49 hôtels en cours de réalisation Outre la fraîcheur, nombreux sont ceux qui y viennent acheter un ou des objets artisanaux, prendre une glace ou siroter un thé chez nos concitoyens des wilayas du Sud, qui tiennent de petites échoppes au bord de la grande bleue. En somme, tout le monde y trouve son compte, sauf les amateurs de boissons alcoolisées. La wilaya ne compte que deux bars-restaurants activant dans la légalité, dont un se trouve à Boumerdès et l'autre au Figuier. «En 1990, certains buvaient au bord de la plage en veillant sur leurs enfants. C'était la belle époque. Il y avait même des Russes et des Portugais qui passaient leurs vacances ici. Les familles campaient dans des tentes pendant des semaines au bord de la plage», se souvient avec nostalgie Said, un quadragénaire habitant à la Sablière. «A l'époque, les gens étaient tolérants. Il y avait plein de bars à Boumerdès, au Figuier, à Zemmouri et à Boudouaou. Les plus célèbres étaient El Ghar, El Kahina, Loudmia, El Bahri, l'Albatros, Missipssa, Denise, Le Rascasse, El Missili, Kiki, Si Moh, Koukas, El Rougia, etc. Maintenant, il ne reste que le Missipssa et le Rascasse, mais ils pratiquent des prix inabordables. Le comble c'est que même les hôtels ne servent pas de boissons alcoolisées. Comment voulez-vous inciter les étrangers à venir passer leurs vacances en Algérie», se demande Said. Le directeur du tourisme, lui, se montre très optimiste quant à l'avenir du secteur. Selon lui, la wilaya compte 19 hôtels et 7 campings d'une capacité de 8000 places. M. Zoulim fait état de 49 hôtels d'une capacité de 4660 lits, qui sont en cours de réalisation sur des terrains privés, dont quatre seront mis en en service incessamment. S'agissant des projets prévus sur les terrains domaniaux, leur réalisation est suspendue à l'achèvement des études des 8 zones d'expansion touristiques de la région. Mais d'aucuns admettent que le tourisme ce n'est pas que les hôtels et les plages, c' est avant tout une culture.