L'étau se resserre en Allemagne sur les migrants illégaux originaires des pays du Maghreb. C'est la fin d'un rêve entamé dès qu'ils ont posé le pied sur le continent européen. Et cela a duré des années, jusqu'au jour où il n'était plus question de leur régularisation. Ce qui veut dire leur renvoi dans leur pays d'origine. Un vrai cauchemar et pas seulement pour ceux qui avaient fait le choix de partir. Le ton en a été donné au début de cette année, lorsque la chancelière allemande demandait au Premier ministre algérien, en visite officielle en Allemagne, d'aider au retour des ressortissants algériens dans leur pays. Et comme pour taire toute critique éventuelle, elle dira que «l'Algérie est un pays sûr». Ce qui, a priori, signifie que cette question avait été mise en avant et servait donc d'argument pour obtenir l'asile, car c'est de cela qu'il s'agit. Quant à la réponse algérienne, elle est tout aussi simple. Il n'y a pas d'opposition au retour, mais c'est aux autorités algériennes de le décider car, avant tout, «il faudra naturellement s'assurer qu'il s'agit bien d'Algériens». Ce sont là les propos de M. Sellal tenus à Berlin. En fait, la même position depuis au moins un quart de siècle, soit depuis l'entrée en vigueur du Traité européen de Maastricht en 1993, immédiatement suivi en novembre 1995 de l'Accord euro-méditerranéen. L'un et l'autre évoquaient justement la question des frontières, et donc celle de l'immigration, le second bien davantage en envisageant d'ouvrir des postes de rétention dans les pays du Maghreb. Certains ont accepté et aidé à bloquer l'émigration venue d'Afrique subsaharienne. L'Algérie, par contre, y a opposé un triple refus : pas question de créer de telles installations ; refus de la politique dite des charters, c'est-à-dire des renvois massifs ; et enfin, un traitement au cas par cas. Un principe de précaution qui laisse comprendre que le contexte algérien, jusqu'à une date récente bien entendu, était utilisé comme un alibi par des non-Algériens afin de ne pas être exclus du droit d'asile. En tout état de cause, la chancelière allemande veut que l'Union européenne passe avec les pays nord-africains des accords de réadmission de migrants similaires à celui conclu avec la Turquie. «Nous allons devoir conclure des accords semblables avec d'autres pays, grosso modo en Afrique du Nord, pour mieux maîtriser les routes migratoires dans le centre de la Méditerranée.» Même si elle se garde de citer les pays qui pourraient être concernés, nul doute que la Libye — devenue certainement la principale base de départ des migrants clandestins vers l'Europe toute proche — en serait le centre. Ce qui pose un autre problème, car ce pays n'est plus ce qu'il était, et commencer par ce qui n'est en fin de compte qu'une conséquence risque d'être sans le moindre effet. Mais pourquoi ne pas aller aux causes du mouvement migratoire qu'aucune frontière n'a pu jusque-là empêcher ? Un véritable cauchemar.