Comme chaque année, la fin d'un mois de jeûne et de piété absolue a été saluée hier et avant-hier par une grande joie dans le monde musulman : un des points essentiels du dogme a été ainsi observé partout avec la même ferveur religieuse. Beaucoup ont préféré, le premier jour à l'aube, se rendre à la mosquée pour chanter des louanges à la gloire de Dieu et prier. D'autres, non moins pieux, ont jugé préférable de se reposer, profitant de cette aubaine que leur fournissent les deux jours fériés auxquels s'ajoutent, de façon inespérée, les deux jours de fin de semaine. Mais que ceux qui se réveillent après un repos mérité ou ceux qui rentrent de la mosquée le cœur rempli d'espérance et de foi en Dieu, une table chargée des gâteaux les plus délicieux. Les enfants, particulièrement matinaux ce matin, se sont servis les premiers, les goinfres, et maintenant gavés de sucreries jusqu'à parfois l'écœurement, ils paradent dans les rues dans leurs vêtements neufs, des jouets dans les mains ou les bras. Après le défilé des proches en visite, les coups de fil passés ou reçus pour souhaiter ses meilleurs vœux de santé et de prospérité avec les membres de la famille éparpillés à travers le monde par le destin, on sort dans la rue pour exprimer les mêmes vœux à l'égard des voisins et des connaissances. C'est à peine si l'on s'étonne que les étals de fruits et légumes, de gâteaux et de pains ont disparu des Bouabdallah, Mohamed Chahid, Abane Ramdhane, remplacés par ceux des jouets, des articles d'habillement et de sandwichs. Au deuxième jour de l'Aïd, la même joie et la même ferveur habitent les gens et les rues de toute la ville tâchent de leur faire honneur du mieux qu'elles pouvaient. Pour un jour ou deux, comblés dans leurs plus chers désirs, les enfants sont des princes, les femmes des reines et les hommes des rois.