L'on est loin, très loin même de l'application des dispositions de la circulaire interministérielle (commerce/intérieur) de septembre 2006. Il y est rappelé la mission des commissions locales d'encadrement des activités commerciales et artisanales non sédentaires. Composées de représentants du commerce, wilaya, sûreté, associations de protection du consommateur, communes…, ces commissions sont chargées de se prononcer par avis motivés sur les propositions d'organisation et d'exercice des activités commerciales soumises par les communes. Elles sont également chargées de se prononcer sur le choix des lieux d'implantation des activités projetées de proposer au wali des normes d'urbanisme commercial applicables aux activités commerciales non sédentaires. Pas une seule des dispositions de cette circulaire n'a été appliquée sur le terrain. Tant et si bien que c'est aux portes des institutions de la République comme le siège de wilaya, commune, sûreté, institutions financières, impôts et trésorerie, sur la voie et places publiques devant les magasins que les animateurs du marché parallèle ont installé leurs étalages. Sous les yeux des policiers en tenue et en civile, délinquants, repris de justice, dealers s'adonnent à tout type de commerce. Cette situation a entraîné la multiplication des vols, des agressions et même des crimes. Face à cette anarchie et à la prolifération des pratiques commerciales illicites, la direction régionale du commerce, dont la défaillance est générale sur le terrain, répond par des déclarations de bonnes intentions. A ce niveau, on parle de redynamiser et réactiver ces commissions avec pour objectif d'éradiquer le marché informel. Alors que l'urgence s'impose comme étant une nécessité, cette direction semble privilégier l'attentisme. C'est en tous l'interprétation que les commerçants détenteurs du registre du commerce et gérants de magasins accordent à la démarche de cette institution. La démarche en question porte sur l'élaboration d'un inventaire des principales activités commerciales informelles, du recensement de leurs animateurs et de l'identification des espaces que ces activités occupent. « Nous n'attendrons pas aussi longtemps Tous les commerçants de la wilaya inscrits au registre du commerce entameront à compter de ce lundi une marche de protestation. Outre le fait que leurs magasins resteront fermés, les commerçants ont également décidé de ne plus régler leurs impôts jusqu'à l'éradication totale du marché informel sous toutes ses formes. Les responsables locaux de ce secteur, qui à chaque fois font dans la rhétorique inutile en parlant de redynamisation de telle ou telle autre commission, seraient plus inspirés à se taire », ont indiqué plusieurs commerçants. L'avis est unanimement partagé par la totalité des commerçants adhérents de l'Union générale des commerçants algériens de la wilaya de Annaba. Leur détermination d'aller jusqu'à la confrontation est réelle au cas où les pouvoirs publics locaux tenteront de s'opposer à leur marche. Sur le terrain, les animateurs du marché informel imposent leur loi aux couteaux et aux gourdins. Tout gérant qui tentera de s'opposer à l'étalage de leurs marchandises, devant le pas de porte de son magasin, sera molesté, voire tailladé à coups de couteau. A quelques jours de l'Aïd El Fitr, un des gérants d'un magasin au marché El Hattab a été tué à coups de couteau. Il avait osé s'opposer au diktat qu'un repris de justice converti en camelot qui a tenté de lui imposer devant son magasin. L'absence totale de réaction des services de sécurité a entraîné l'aggravation de la situation. Ainsi, après avoir conquis la voie et les places publiques aux alentours des marchés, souks et rues commerçantes, les délinquants du commerce informel ont fait main basse sur les abords des institutions de la République.