C'est un cri de détresse que vient de lancer le frère du journaliste Mohamed Tamalt, condamné à une peine de 2 ans de prison pour avoir «offensé» le Président et «porté atteinte à l'honneur de personnalités de l'Etat» par ses écrits. En grève de la faim depuis sa condamnation par le tribunal, le 4 juillet dernier, et sa confirmation par la cour le 9 août de l'année en cours, l'état de santé de Tamalt ne cesse de se détériorer, d'après son frère. Hier, ce dernier a fait le tour des rédactions pour dénoncer ce qu'il qualifie de «silence des autorités judiciaires» face «aux circonstances» dans lesquelles le journaliste «est actuellement au service de réanimation» de l'hôpital Mohamed Debaghine de Bab El Oued. En colère, le frère de Tamalt s'interroge sur les motifs qui ont suscité le refus de toute visite au journaliste. Il exhibe les lettres écrites au ministre de la Justice, au procureur général près la cour d'Alger et au président de la Commission des droits de l'homme que préside maître Farouk Ksentini, en disant : «Tout ce courrier n'a servi à rien. On ne m'accorde qu'une visite par quinzaine alors que la dernière fois que je l'ai vu, il était inconscient et son crâne était suturé. Lorsque j'ai demandé à être informé, on m'a répondu qu'il avait été opéré pour lui retirer un caillot de sang. Je veux être rassuré sur l'état de santé de mon frère. Je veux savoir ce qui s'est passé. Dans ma lettre adressée au ministre de la Justice, au procureur général près la cour d'Alger, j'ai demandé il y a plus d'une semaine l'ouverture d'une enquête sur les circonstances du transfert de mon frère de la prison de Koléa à l'hôpital de Bab El Oued, et les raisons qu'il soit maintenu au service de réanimation. A ce jour, aucune réponde ne m'a été donnée. Je veux juste user de mon droit de visite à mon frère et connaitre la vérité», déclare Abdelkader Tamalt frère du journaliste Mohamed. Il ajoute avoir également saisi Me Ksentini, en raison, dit-il, des «doutes» sur ce que le journaliste a pu subir. «La dernière fois que je l'ai vu, il était inconscient. Il n'a pas prononcé un mot. Il était comme dans un coma profond. Avant son transfert de Koléa à l'hôpital de Bab El Oued, son état de santé était lourdement fragilisé par une longue grève de la faim. Il fait que les autorités réagissent avant qu'il ne soit trop tard», lance le frère de Mohamed Tamalt, dont l'avocat, Me Bachir Mechri, avait, lors d'une conférence de presse, alerté sur la dégradation de sa santé. A rappeler que le journaliste, Mohamed Tamalt est en détention depuis le 27 juin dernier, pour ses nombreux écrits publiés sur son blog et jugés «diffamatoires» à l'égard du Président et de certains ministres. Il a été condamné à une peine de 2 ans de prison ferme, confirmée par la Cour. Contactée, une source judiciaire nie totalement toute détérioration de la santé du détenu, en disant : «Il est certes au service de réanimation, mais son état de santé s'améliore. Il est bien pris en charge par l'équipe médicale et son frère continue à le voir.»