Tout en se disant victime des pires pressions et tentatives de manipulation politique depuis sa création en 2011, la coordination nationale de défense des droits des chômeurs n'est plus présente dans la rue. Les chômeurs qui procèdent à la fermeture des bureaux de l'Anem ou manifestent encore leur mécontentement devant les édifices publics sont des demandeurs d'emploi lambda n'appartenant à aucune organisation connue. Ouargla sans son mouvement des chômeurs ? Nous avons posé la question à Ibek Ag Sahli Abdelmalek, animateur de ce mouvement qui estime que la « CNDDC a opté pour une nouvelle stratégie envers ses antagonistes de toujours, les instances chargées de l'emploi. ». Nouvelle page Nouvelle vision, nouvelle stratégie. Mais comment expliquer ce rapprochement historique entre les deux Tahar, Belabes porte-parole des chômeurs et Chaalal, directeur général de l'agence nationale de l'emploi dont les photos ont circulé ces dernières semaines sur les réseaux sociaux ? Entre le leader du mouvement des chômeurs et le DG de l'Anem, une longue série de confrontations médiatiques ont fait que les accusations fusent des deux camps, l'un accusant les chômeurs de manipulation mensongère, les autres accusant l'Anem de cultiver le délit de facies et le clientélisme dans le dispatching des postes du secteur pétrolier. D'où la série de manifestations déclenchées depuis 2012 à travers le pays dont le plus emblématique et la marche du million, la Milyonia du 14 mars 2013. La CNDDC opte donc pour un nouveau round de dialogue direct avec les pouvoirs publics, médiatisé via un communiqué de presse officiel cette fois-ci. L'objectif, selon le texte rendu public il ya quelques semaines étant de « faire front à ceux qui pratiquent la surenchère politique en voulant faire du dossier du chômage, leur carte gagnante ». Sans les citer, Ibek estime que ces parties sont connues de tous et qu'il est désormais clair pour tous que les pouvoirs publics ont reconnu leurs torts et leurs faiblesses dans la gestion du dossier de l'emploi dans le Sud. Selon lui « toutes les mesures prises par les autorités, l'ont été soul la pression de la rue, mais elles n'ont pas encore donné leurs fruits parce que l'élément essentiel de cette équation, à savoir la représentation des chômeurs, a été négligé. » C'est ce qu'essaie de faire à présent Tahar Belabes qui voudrait arracher à l'Anem, un nombre conséquent de postes au profit des chômeurs à travers le pays en signe d'apaisement avant la fin 2015. Pour ce qui est de la crise économique qui se profile à court terme, la CNDDC estime que le gouvernement est le premier concerné par les mesures d'austérité imposées au peuple. La présidence devrait commencer à congédier la pléthore de conseillers qui existe autour du président de la République, argue Ibek. Fin des hostilités Alors fin des hostilités entre la CNDDC et l'Anem ? Franchement oui dit Ibek. C'est un changement de tactique assumé et une nouvelle manière de combattre le mal absolu qu'est la bureaucratie en s'adressant directement au bon Dieu. « Nous nous réservons toutefois le droit de remobiliser la rue en cas de besoin, nous attendons la concrétisation de nos accords ». Gaz de schiste Qu'en est-il du soutien à la cause des anti-gaz de schiste d'In Salah ? Là encore, la CNDDC semble opérer un repli « tactique ». Ibek parle d'un soutien inconditionnel émanant d'une conviction ancrée chez les militants quant à un projet qui les concerne tous à tous points de vue. Pour lui la préoccupation est d'abord environnementale puisque toute la région en pâtira en cas de concrétisation effective. Le souci est également économique parce que la conjoncture mondiale ne permet plus cette folie et le gouvernement semble l'avoir compris selon lui. Le bémol « nous déplorons le silence coupable des associations écologiques nationales dont la responsabilité de l'acceptation de ce projet est entière » selon Ibek.