Pour Saïd Salhi, vice-président de la LADDH, le cas Slimane Bouhafs est désormais une «urgence humanitaire». Selon Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), qui s'est déplacé au siège de la rédaction régionale d'El Watan à Béjaïa, le cas de Slimane Bouhafs est désormais une «urgence humanitaire». «Aujourd'hui, nous demandons à ce que Slimane Bouhafs bénéficie de la grâce présidentielle, car son état de santé ne lui permet plus de supporter les conditions de détention. Il est actuellement très malade et son état de santé n'a cessé de se dégrader depuis son incarcération. Son état psychologique est également très précaire. Il y a véritablement urgence humanitaire et les pouvoirs publics doivent réagir très vite, avant qu'il ne soit trop tard», a-t-il précisé. Thilleli, la fille aînée de Slimane Bouhafs, qui accompagnait le responsable de la LADDH, et qui a rendu dernièrement visite à son père, soutient, elle, qu'il a perdu beaucoup de poids. «Mon père est tout le temps à l'infirmerie. Il a perdu beaucoup de poids, il tremble continuellement et il ne boit plus que du café, car malade de la goutte, le régime alimentaire carcéral ne lui convient pas», dit-elle. Pour rappel, Slimane Bouhafs est cet ex-policier converti au christianisme, condamné en appel, par la cour de Sétif, à 3 ans de prison ferme pour «atteinte à l'islam et au Prophète Mohamed», sur la foi de publications partagées sur facebook. «Nous avons épuisé tous les recours légaux et alerté tous les mécanismes onusiens et toutes les organisations des droits de l'homme. Nous ne voulions pas aller à la Cour suprême, car les procédures sont très longues», explique Saïd Salhi qui milite également pour l'abrogation du fameux article 144 bis à l'origine de la condamnation de Slimane Bouhafs. «Cet article doit être abrogé, car il ouvre la voie à toutes les dérives pour des membres de services de sécurité, des procureurs et des juges qui s'érigent en objecteurs de conscience. Les procureurs peuvent s'autosaisir et il y a visiblement des excès de zèle et, parfois, même de l'inquisition», souligne-t-il. Pour le vice-président de la LADDH, la multiplication des affaires liées à des publications sur facebook, comme l'affaire des neuf jeunes de Blida accusés d'appartenance à une secte ahmadite, celle du journaliste Mohamed Tamalt, celle des deux blogueurs de Sidi Aïssa ou encore de ce blogueur de Annaba accusé d'offense au président de la République, démontre un «recours excessif et abusif à l'article 144 bis». Il y a, à l'évidence, une volonté de la part des pouvoirs de «fermer le dernier espace de liberté des Algériens». «En conclusion, dira Saïd Salhi, si Slimane Bouhafs est maintenu en prison, il risque de ne pas en sortir vivant».