Les responsables de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) de Béjaïa envisagent de formuler une demande de grâce présidentielle en faveur du "détenu d'opinion" Slimane Bouhafs. Un père de famille de 49 ans, de confession chrétienne, condamné le 6 septembre dernier, par la cour d'appel de Sétif, à trois ans de prison ferme, pour "offense à l'Islam et au Prophète Mohammed", conformément à l'article 144-bis du code pénal. L'annonce a été faite, hier, lors d'une conférence de presse animée conjointement par les responsables de la Laddh et la fille du prisonnier en question, Mlle Tilelli Bouhafs, au siège du Centre de documentation des droits de l'Homme (CDDH) de Béjaïa. Après avoir rappelé les circonstances ayant conduit à l'arrestation de son père, le 31 juillet 2016, par les gendarmes de Bousselam, dans la daïra de Bouandas (wilaya de Sétif), Mlle Bouhafs fera savoir que son père n'avait fait que "partager sur sa page facebook, le 14 mai dernier, quatre images portant des versets coraniques falsifiés". Selon elle, son père, étant un chrétien et sympathisant du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), avait reçu des menaces deux jours seulement avant son interpellation. Suite à quoi, a-t-elle ajouté, il s'est présenté à la brigade de la gendarmerie de Bousselam pour un dépôt de plainte, mais les gendarmes auraient refusé de prendre en considération sa requête. Par ailleurs, l'oratrice a tenu à déplorer la dégradation de l'état de santé de son géniteur qui souffre depuis déjà une dizaine d'années de la goutte, une maladie métabolique chronique. "Il est vraiment malade ces derniers jours. Il a même perdu du poids, puisqu'il ne mange pratiquement rien. Il ne prend que du café, car son régime alimentaire, en tant que goutteux, ne peut s'accommoder avec les repas servis aux détenus", s'est-elle indignée. Avant d'ajouter : "Il est vraiment navrant de constater aujourd'hui qu'au moment où des repentis islamistes s'enrichissent au nom de la concorde civile, mon père, qui était à l'avant-garde de la lutte antiterroriste, en sa qualité d'ex-policier, se retrouve derrière les barreaux pour avoir exprimé ses opinions sur facebook." Pour sa part, Saïd Salhi, membre du bureau national de la Laddh, expliquera que Slimane Bouhafs est un militant très actif et engagé depuis des années, connu et reconnu de tous. "Il était déjà venu ici, au siège de la Laddh de Béjaïa, en 2011, pour nous faire part des harcèlements qu'il subissait déjà à l'époque. Au-delà de ses convictions religieuses, il est partisan de la laïcité et des libertés démocratiques", a-t-il témoigné. KAMAL OUHNIA