Hier et comme chaque soir, je bavardais sur la terrasse avec mes colocataires italiens, ils m'expliquaient à quel point ils étaient excités de recevoir le nouveau passe qui leur permettra d'enrichir leur vie culturelle gratuitement. Ils m'énuméraient les musées qu'ils comptaient visiter, les concerts et opéras auxquels ils aimeraient assister et se conseillaient entre eux des livres valant la peine d'être lus. En effet, le gouvernement vient de leur offrir un bonus de 500 euros à dépenser dans des activités culturelles. Cette initiative a été annoncée le 24 novembre de l'an dernier quand le chef du gouvernement Matteo Renzi a annoncé au siège de la mairie de Rome que l'Italie entrait officiellement en résistance face à Daech et que pour chaque euro dépensé pour la sécurité, il faudra un euro de plus à investir dans la culture, «Ils sèment la terreur, nous répondons par la culture. Ils détruisent les statues, nous aimons l'art. Ils détruisent les livres, nous sommes le pays des bibliothèques. Nous ne changerons jamais notre mode de vie, ils capituleront avant !», a-t-il déclaré. Pour contrer la propagande islamiste, le gouvernement italien a créé un passe-culture que chaque jeune obtient à ses 18 ans après en avoir fait la demande. Ce passe de 500 euros ne peut être dépensé qu'en livres, billets pour les musées, les salons, les concerts, tickets de cinéma et de théâtre, ou encore pour visiter des parcs naturels ou des monuments historiques. Et au-delà de cet objectif, cette initiative permettra surtout de décloisonner la culture des cercles mondains en effaçant les inégalités des jeunes face à l'accès à celle-ci. Alors qu'aujourd'hui encore, en Algérie, beaucoup ne savent pas que Omar Racim était un célèbre peintre avant d'être un lycée, nous ne pouvons qu'espérer que cette action puisse inspirer l'homologue algérien de Matteo Renzi. Dans notre pays où la culture est la première victime de la récession et où le budget du ministère des Moudjahidin est supérieur à celui de la Culture, il devient impératif de redessiner les contours d'une nouvelle politique culturelle. Peut-être en commençant par déconcentrer le peu d'activités culturelles qui existent, puisqu'Alger n'est pas l'Algérie, ou en arrêtant de se servir des musées comme leviers de propagande concernant le roman national, ou juste en mettant en valeur les initiatives des jeunes Algériens (exemple El Medreb), ou…ou…