Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a annoncé son intention de mettre sur la place publique le coût des institutions européennes, après avoir été sommé par la Commission européenne de revoir son projet de budget pour 2015. Nous allons publier les données sur tout ce qui est dépensé par ces palais. On va bien s'amuser, a-t-il lancé en marge du sommet des dirigeants de l'UE à Bruxelles. La Commission européenne a adressé un courrier à cinq pays -- Italie, France, Autriche, Slovénie et Malte-- pour leur demander des explications sur leur projet de budget 2015. L'Italie a décidé de rendre publique cette lettre dans laquelle la Commission européenne pointe une déviation importante en terme d'objectifs budgétaires et lui demande d'expliquer d'ici à vendredi les raisons de ce dérapage et les mesures que le gouvernement entend prendre pour y remédier. La France a également reçu cette lettre, mais n'entend pas rendre public un courrier privé, a déclaré un de ses représentants. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s'est insurgé contre l'initiative de Matteo Renzi. La Commission européenne n'est pas favorable à cette publication car nous sommes en train de poursuivre des consultations informelles avec différents gouvernements, a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Je suis surpris que le président Barroso soit surpris par la publication de cette lettre qui a été fuitée et publiée par le Financial Times et par un grand quotidien italien, a répliqué le chef du gouvernement italien. Il refuse de se laisser dicter la gestion de l'Italie par Bruxelles. Le budget italien ne pose pas de problèmes, a-t-il soutenu au cours d'un point de presse après le dîner de travail avec ses homologues. La réponse de l'Italie sera fournie au cours du sommet des pays de l'Eurogroupe vendredi, et Matteo Renzi entend ouvrir un débat politique sur qui décide quoi en matière budgétaire. Le projet de budget italien prévoit lui un déficit sous la barre des 3%, contrairement à la France, mais l'effort structurel est insuffisant au vu des critères européens. Rome négocierait en coulisses un compromis sur l'effort structurel entre 0,25% et 0,3% (au lieu des 0,1% annoncés), selon la presse italienne. Mercredi prochain, la Commission pourrait demander à plusieurs Etats de la zone euro de revoir leur projet de budget si elle constate des manquements graves en terme budgétaire ou de réformes, ce qui n'est encore jamais arrivé. C'est un exercice qui doit être fait avec du sérieux et pas en terme de bataille. Si l'esprit est celui des batailles, nous serons tous perdants, a affirmé M. Barroso. Je suis pour l'application des règles mais avec le maximum possible de flexibilité, a-t-il assuré à quelques jours de la fin de son mandat le 31 octobre.
La France a bien reçu une lettre de Bruxelles La France a bien reçu une lettre de la Commission européenne lui demandant des précisions sur son budget 2015, et elle y répondra à la fin de la semaine, a affirmé vendredi le président François Hollande. C'est une lettre très banale, conforme à la procédure et qui n'a pas de grande signification au-delà de demander un certain nombre d'informations et de précisions, a déclaré M. Hollande lors d'une conférence de presse au sommet de Bruxelles. Il faudra donner notre réponse à la fin de la semaine, ce que nous ferons, a-t-il ajouté en précisant que le dialogue se poursuit dans de très bonnes conditions avec Bruxelles. Les économies, nous les avons présentées et elles s'élèvent à 21 milliards d'euros en 2015, a insisté le président français. On peut voir comment on peut mieux mobiliser certaines ressources, mieux calculer certaines dépenses, mais il n'y aura pas de modifications sur ce point, a assuré M. Hollande. Outre la France, quatre autres pays de la zone euro ont reçu des courriers de Bruxelles: l'Italie, la France, l'Autriche, la Slovénie et Malte. Seule l'Italie a rendu le document public. A son arrivée à Bruxelles, M. Hollande avait réaffirmé que la croissance restait l'objectif prioritaire de la France. Rien ne nous fera dévier de cet objectif. Cela vaut pour l'interprétation de notre propre budget, qui respectera les règles avec un maximum de flexibilité, mais aussi pour l'objectif de croissance, a-t-il dit. Le cas de la France est particulièrement sensible. Son projet de budget prévoit un déficit à 4,3% du PIB en 2015, loin des 3% auxquels Paris s'était engagé. Même en terme structurel (sans les effets de la conjoncture), le compte n'y est pas, avec un effort de seulement 0,2%.