L e ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati, a lancé un appel à l'Union européenne (UE) l'exhortant à assumer ses responsabilités envers le peuple sahraoui, a rapporté hier l'APS citant une contribution publiée vendredi sur le site européen d'information. Responsabilités qui consistent à soutenir la mise en application effective des résolutions de l'ONU énonçant son droit à l'autodétermination. «L'UE doit assumer ses responsabilités et respecter le droit international en veillant à ce que ces violations de la souveraineté ne se poursuivent pas, et en s'assurant que ses Etats membres ne soient pas complices de l'occupation du Sahara occidental par le Maroc», a écrit M. Sidati dans sa contribution. Cependant, même si le Maroc ne dispose d'aucun droit d'exploiter les ressources naturelles du Sahara occidental, il continue à piller sans frein les richesses de ces territoires, a relevé le même responsable déplorant la conclusion d'accords commerciaux entre le Maroc et l'UE qui ont autorisé des navires de pêche étrangers à accéder aux eaux territoriales du Sahara occidental et permis l'exploration pétrolière via des contrats illégaux signés avec des sociétés étrangères. Selon le délégué sahraoui, il existe de nombreux cas d'entreprises européennes impliquées dans l'exploitation et le commerce des ressources du Sahara occidental. M. Sidati cite, à titre d'exemple, la dernière transaction commerciale sur l'importation dans l'espace européen d'une cargaison d'huile de poisson produite au Sahara occidental, en violation du droit international et de la décision du Tribunal européen du 10 décembre 2015. Le représentant du Front Polisario auprès de l'UE a estimé que le récent avis de l'avocat général de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) intervient à un moment de «tension accrue», notamment avec les récents événements qui se sont développés dans l'étroite zone tampon au sud-ouest du Sahara occidental et les violations du cessez-le-feu après l'expulsion du personnel de la Minurso. «Il est impératif que le Conseil de sécurité de l'ONU se saisisse de ces violations. La crédibilité de l'ONU et celle du Conseil de sécurité en particulier dépendent de sa capacité et de sa volonté à mener à bien son mandat», a-t-il ajouté. Dénonçant les tentatives marocaines de faire obstruction au processus de paix mis en place par l'ONU, M. Sidati a observé que «l'UE doit faire davantage pour promouvoir une solution durable au Sahara occidental en soutenant pleinement le processus politique de l'ONU». Le représentant du Front Polisario auprès de l'UE a regretté, à ce titre, que la France ait opté pour «une approche diplomatique non constructive qui bloque régulièrement les progrès vers une résolution du conflit», réitérant son appel à l'UE pour «une participation accrue dans le processus dirigé par l'ONU». Pendant ce temps, a-t-il ajouté, le royaume marocain poursuit et accentue l'occupation illégale du Sahara occidental, sur lequel il n'a aucun mandat de droit, exploitant ses ressources et réprimant violemment sa population, en particulier celle qui manifeste régulièrement et pacifiquement pour l'autodétermination. Illégalité Dans ses conclusions rendues en septembre, concernant l'affaire opposant le Front Polisario au Conseil de l'Union sur l'accord de libéralisation des échanges des produits agricoles et de la pêche avec le Maroc, l'avocat général de la CJUE a rappelé que le territoire du Sahara occidental est depuis 1963 inscrit par l'ONU sur sa liste des territoires non autonomes, qui relèvent du champ d'application de sa résolution portant sur l'exercice du droit à l'autodétermination des peuples colonisés. «Le peuple sahraoui se tourne vers l'Europe, un modèle de valeurs fondamentales de liberté, de démocratie et de respect du droit international. Nous nous tournons vers l'UE pour qu'elle démontre son engagement clair à respecter le droit international en veillant à ce que l'exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental ne soit pas incluse dans l'accord UE-Maroc et en se conformant à la décision de la Cour européenne de justice», a-t-il ajouté. L'avocat général de la CJUE a considéré, dans ses recommandations, que le Sahara occidental ne fait pas partie du territoire du Maroc et que, contrairement à ce qui a été constaté par le Tribunal, ni l'accord d'association UE-Maroc ni l'accord de libéralisation ne lui sont applicables.