La décision prise par la direction de Socothyd des Issers (Boumerdès) de suspendre 20 travailleurs suite au dernier débrayage qui a duré une semaine a provoqué le mécontentement du personnel qui est entré en grève illimitée depuis hier. Les travailleurs grévistes qui représentent la quasi totalité du personnel de l'entreprise, diront leurs représentants, exigent le départ du PDG, M. Achaïbou, qu'ils accusent d'« avoir mal géré les affaires de la société » et de « vouloir la ruiner ». Dans les décisions de suspension notifiées aux travailleurs concernés on peut lire que ceux-ci sont coupables « d'organisation et participation à une grève illégale ; entrave à l'exercice du droit de travail du PDG, insultes, injures et menaces à l'encontre du président du directoire de la SGP ». Les travailleurs, qui se sont solidarisés avec leurs collègues sanctionnés, ont organisé, hier, un rassemblement à l'intérieur de l'usine pour dénoncer ces mesures. Ils ont saisi l'occasion pour réitérer leur revendication quant à une commission d'enquête qui planchera sur la gestion de Socothyd durant ces cinq dernières années, une période qu'ils considèrent pleine d'irrégularités. Les protestataires évoquent notamment des cas de détournement, citant celui dont a été reconnu coupable l'ex-comptable de la société qui est actuellement en prison suite à une plainte de la direction, des cas de fraude dans la commercialisation de produits importés, tels les bandes Hartmann « importées toute faites et emballées de sorte à leur donner l'identité de l'entreprise, sous l'étiquette Socothyd ». Les travailleurs dénoncent aussi la mise à l'arrêt des ateliers du blanchiment, du tissage et de la bande élastique. Le PDG de Socothyd, lui, nous a déclaré que son entreprise ne souffre d'aucune lacune dans la gestion, soulignant que c'est plutôt l'option de sa privatisation qui n'est pas du ressort de la direction, qui dérange les travailleurs. Il nous a déclaré en substance que l'arrêt de l'activité dans les ateliers précités obéit à des considérations économiques visant un meilleur rendement puisque l'option de substitution, à savoir l'achat ou l'importation des produits qu'on y fabriquait revient beaucoup moins cher. « A cela s'ajoute le fait que les emplois sont maintenus », dit M. Achaïbou. Quant à la commission d'enquête réclamée, le PDG dit être allé plus loin puisqu'il a lui-même demandé une expertise comptable des cinq dernières années en accompagnement de sa demande de démission déposée dernièrement. Pour lui, l'affaire des bandes Hartmann est négligeable « car c'était une quantité minime à laquelle il fallait changer l'emballage qui n'était pas suffisamment hermétique et cela avec l'accord de l'entreprise mère ». La suspension des 20 travailleurs est irréversible, en attendant la décision du conseil d'administration, a-t-il dit. « Les agents de sécurité ont reçu l'ordre de ne pas les laisser entrer à l'usine et s'ils le font de force, nous allons actionner une affaire en référé », ajoute-t-il. A rappeler qu'il y a un peu plus de six mois, dix travailleurs considérés à l'origine des troubles que vit l'entreprise depuis près d'une année avaient été licenciés sur décision du conseil d'administration, avant d'être réintégrés quelques jours plus tard.