Un musée naturel enchanteur », c'est ce qu'a déclaré, lundi, dans un point de presse, Saïd Barkat, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, en visite de travail à El Tarf. La pomme de terre, qui coûtera moins de 20 DA dans 15 jours, et la filière de la tomate industrielle, qui doit impérativement s'organiser, selon le ministre, ont dominé le point de presse, avant qu'il ne rappelle que sa visite concerne avant tout la réhabilitation de la subéraie algérienne et les zones humides. Cela a été l'occasion de célébrer la journée nationale de l'arbre, avec la plantation symbolique de chênes-lièges et l'ouverture de l'atelier sur la gestion durable de la subéraie, organisée magistralement, il faut le dire, par la conservation des forêts d'El Tarf. Après cela, le ministre s'est rendu sur les lacs Tonga, sur le rivage près de la Méssida ensuite sur le lac Tonga où il a été littéralement subjugué par les paysages pris dans la lumière d'une magnifique journée d'automne. « Je suis passé par la région à différentes reprises, a-t-il déclaré, mais j'étais loin de me douter que c'était aussi beau. Il faut absolument tout faire pour protéger cet inestimable patrimoine national. » A propos de la réhabilitation de la subéraie, la forêt naturelle du chêne-liège, Saïd Barkat dira qu'il faut reboiser utile, entendre par là qu'il faut donner à la forêt la possibilité de jouer son rôle de protecteur et de producteur de ressources naturelles, et qu'il faut aussi reboiser économique. « La forêt ne doit plus cacher la misère, nous avons perdu énormément de temps sur ce plan et il faut le rattraper. Contrairement au pays européens, qui voient leurs campagnes désertées, nous constatons en ce moment un flux de retour des populations vers les zones rurales. » A la question de savoir ce que le ministre comptait faire contre l'avancée du béton qui n'a pas épargné la région et qui défigure de fabuleux paysages, valeurs sûres pour la nature et la vocation touristique de la région qui lui est associée, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a répondu qu'avant d'être ministre, il était lui aussi persuadé que le béton avait tout englouti. Pourtant, ajoute-t-il, depuis l'indépendance, seulement 162 000 ha de terres agricoles ont été soustraits légalement ou illégalement du domaine agricole national. L'autoroute Est-Ouest va passer en plein milieu du parc national d'El Kala et, de ce fait, fragmenter cette aire protégée de renommée mondiale, réservoir méditerranéen de la biodiversité, déjà fortement malmené par l'incohérence des décideurs depuis 20 ans. Un coup dur pour l'intégrité écologique du parc et probablement le coup de grâce, si l'on n'y prend pas garde. Saïd Barkat répondra qu'« il faut rechercher les meilleures solutions pour construire cette autoroute, un indéniable facteur de développement, tout en préservant les terres agricoles et la nature ». Un équilibre parfaitement possible à imaginer et réaliser, mais qui fait impérativement appel, en plus du savoir-faire routinier des travaux publics et des environnementalistes, à l'intelligence et à la culture. Et ça, malgré les apparences, ça ne court pas les rues et le temps presse. Soulignons à l'occasion que Saïd Barkat est le premier ministre en visite officielle à El Tarf depuis juin 2003. Il y en a qui y voit un bon signe.