Heureuse nouvelle : Oran se dote d'un nouvel espace culturel. Il s'agit en fait d'une bouquinerie qui a ouvert ses portes, la semaine dernière, au 9 de la rue Max Marchand, à l'entrée du centre-ville. Cette initiative, ô combien salutaire, on la doit à Salim Djouhri, féru de lecture, natif de Sidi Bel Abbès. Un homme qui a grandi entouré de livres dans l'enceinte familiale. En effet, avant de s'installer à Oran, Salim Djouhri occupait un stand, à Sidi Bel Abbès – non loin du rond-point Vox –, dans lequel il proposait aux passants des livres d'occasion. Hélas, l'année dernière, suite à des déboires d'avec les autorités locales, il a vu son stand fermer manu militari : «La police est venue et nous a sommés de ne plus étaler. Le wali nous a bien promis, ensuite, de régulariser notre situation. Hélas, à ce jour, on n'a rien vu venir.» Ne baissant pas les bras pour autant, la chance lui a tout de même souri lorsque, feuilletant les petites annonces d'un journal, il tombe sur une occasion en or : un petit local, à Oran, plus ou moins à bon marché. Le voilà ainsi engagé pour 6 mois, à animer ce local, après l'avoir converti, en bonne et due forme, en véritable bouquinerie. A propos, cet espace s'appelle, ou plutôt s'appellera (car l'enseigne n'a pas encore été posée) «Le livre de sable» en référence à la fameuse nouvelle de l'écrivain argentin Jorge-Louis Borges. En grande partie, les rayons de cette bouquinerie sont constitués de romans : on trouve ceux d'Hemingway, Yasmina Khadra, Albert Camus, Simone de Beauvoir, Amine Maalouf et bien d'autres encore. Il y a aussi des essais, des livres philosophiques, ainsi que de gros dictionnaires. On peut tomber sur des livres à 200 ou 300 DA et parfois, quand le livre est rare ou plus ou moins volumineux, le prix est un tantinet plus élevé. Pour Salim, un bouquiniste, quand bien même il traverserait des moments pénibles durant l'année, il peut néanmoins vivre de son métier. Mais pour cela, il faut qu'il soit bigrement passionné. «A Sidi Bel Abbès, j'avais mes clients. La doyenne de mes clientes a 75 ans. Ici à Oran, ce local vient d'ouvrir certes, mais je pense qu'il y a déjà de l'intérêt. Les passants s'arrêtent volontiers et sont agréablement surpris de l'ouverture d'une bouquinerie. Les voisins alentours ont été très contents que leur quartier soit doté de cet espace.» Sans compter que l'annonce de l'ouverture de cette petite librairie a fait le buzz sur les réseaux sociaux, et depuis, de plus en plus d'Oranais s'y sont rendus pour la visiter et, accessoirement, acheter des livres. Salim affirme que ce nouvel espace ne servira pas, seulement, à l'achat de livres. Il ambitionne de faire de son espace un lieu interactif, où le client est roi : il peut acheter, mais aussi échanger, et même louer des livres. Une belle occasion donc pour ceux qui ont perdu le goût de lire, de renouer avec ce plaisir.