Lame de fond ou feu de paille ? C'est en tout cas la question que se pose les militants du FLN à la suite des rassemblements organisés, hier, à Biskra, Chlef, Sétif et Aflou. Quatre villes où les opposants au secrétaire général du FLN, Amar Saadani, ont exprimé leur exaspération aux cris de «Barakat Saadani, trois ans barakat». Si les rassemblements organisés à Chlef par Youcef Nehat, à Biskra par Layachi Daadouâ, à Sétif par Abdelkrim Abada ont été suivis par une foule assez importante, celui d'Aflou a connu une très forte mobilisation qui s'explique par les origines de l'ancien secrétaire du parti, Abdelaziz Belkhadem, né à Oued Mora, daïra d'Aflou, wilaya de Laghouat, et dont la famille a été accusé par le secrétaire général du FLN d'avoir été «à la solde de la France durant la Guerre de Libération». «Dans la région, ceux qui connaissent la famille Belkhadem ne pouvaient pas rester silencieux après les propos tenus le 5 octobre par M. Saadani», affirme un membre de la «direction unifiée», organisateur du rassemblement auquel ont participé les députés Belkacem Bel Abbès de Relizane, Ammar Khemisti de Mostaganem, Moussa Abdi de Chlef, celui qui fut le porteur de la proposition de loi criminalisant le colonialisme, le sénateur de Bordj Bou Arréridj Boualem Djaafer et l'ancien vice-président de la commission des affaires étrangères au Sénat, Brahim Boulahia. Cette série de rassemblements intervient suite à l'appel lancé par Abdelaziz Belkhadem, demandant aux «militants honorables» du FLN de «débarrasser le parti de la médiocrité». Une réponse aux graves accusations proférées contre lui par le chef du FLN lors de sa conférence de presse du 5 octobre au cours de laquelle l'ancien patron des Services de renseignement, le général Médiène dit Toufik, a été accusé d'être derrière les graves événements qui ont secoué la wilaya de Ghardaïa et qui avaient mis aux prises les communautés malékite et ibadite, mais également d'être le «mentor» de Rachid Nekkaz qu'il aurait «actionné» pour «perturber l'élection présidentielle d'avril 2014». C'est dans ce contexte de règlement de comptes entre les différents centres du pouvoir que l'opposition à M. Saadani veut reprendre l'initiative, au moment où se prépare la réunion du comité central, le 22 octobre. Longtemps aphone, elle tente de remobiliser une base qui apprécie modérément les dérapages de son premier responsable, mais en même temps ne veut pas s'engager dans la bataille, préférant attendre que le sort du patron du FLN soit régler par ceux qui l'ont installé. En attendant, les adversaires à Amar Saadani ont déjà prévu un autre rassemblement à Constantine, en début de semaine prochaine. Il s'agira de la première grande manifestation tenue dans la troisième ville d'Algérie. Un test grandeur nature en attendant que les portes d'Alger s'ouvrent aux opposants à Amar Saadani.