Les établissements scolaires et les structures de santé ont été paralysés. Le mot d'ordre a été partiellement suivi au niveau des communes où la représentativité syndicale commence timidement à se manifester. Les enseignants ont répondu massivement à l'appel des différents syndicats de l'éducation pour faire barrage au projet d'amendement du code du travail, prévoyant notamment la suppression de la retraite anticipée. Plusieurs établissements de la capitale, malgré le débrayage des enseignants, ont gardé les élèves, comme ce fut le cas au lycée Ibn Nass ou au CEM Haroun Errachid. Certains enseignants avaient avisé leurs élèves qu'ils déserteraient les établissements, comme en témoignent des parents d'élèves scolarisés à l'école primaire Tarek Ibn Ziad, à Aïn Benian. Pour ce qui est des établissements de santé, il était aisé de remarquer que le service minimum a été assuré au niveau des structures de la capitale. «On ne peut pas ignorer un enfant malade ou une urgence sous prétexte de la grève», explique un médecin gréviste, qui insiste sur le fait que le service minimum, qui doit être organisé dans le cadre des négociations avec la tutelle, est assuré par l'initiative du syndicat ayant appelé à la grève. Les 16 syndicats signataires de l'appel à la grève ont exprimé, hier, leur satisfecit quant au taux de suivi enregistré sur le terrain. Les formations de l'éducation, se considérant comme «la locomotive» de ce mouvement de protestation, espèrent l'adhésion du secteur économique pour aujourd'hui. Car, faut-il le souligner, l'UGTA reste le représentant majoritaire des travailleurs de ce secteur malgré les tentatives récentes de création de syndicats autonomes au niveau de certains opérateurs, comme Sonelgaz ou Air Algérie. Les syndicats de l'éducation annoncent des taux variant entre 60% et 95% et un taux national de 68%. Selon Djilali Belkhir, chargé de communication à l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), dont les locaux abritent la cellule de communication de l'intersyndicale, un taux de participation de 90% a été enregistré hier à Biskra, 70% à Skikda, 85% à Ghardaïa, 88% à Tizi Ouzou et 95% à Tlemcen. Les taux annoncés sont ceux calculés en coordination entre tous les syndicats du secteur signataires de l'appel à la grève. La grève est «une réussite totale», estime Nabil Ferguenis, représentant de la fédération du Snapap, qui a précisé : «Nous voulons exprimer notre refus au projet de loi du budget 2017 qui puise ses ressources dans les poches du simple citoyen pour remplir celles du FMI.» Les syndicats de l'éducation en première ligne La note de la ministre de l'Education nationale rappelant la ponction sur salaire a été critiquée par les grévistes. «Nous savons que les journées de grève seront prélevées, nous connaissons parfaitement les retombées de notre mouvement de protestation, mais le rappeler à la veille d'une action de protestation est une forme de menace», explique Djahid Hireche, du Syndicat national des travailleurs de l'éducation. Les syndicats de l'éducation ont dénoncé la programmation d'une session de formation le jour de la grève. «Ce sont là des formes de pression de l'administration pour dissuader les travailleurs. C'est pour qu'ils renoncent à défendre leurs droits», expliquent les représentants des syndicats. Pour le Syndicat national des vétérinaires (SNV) de la Fonction publique, le taux national est de 70%. Le secteur compte 2000 vétérinaires dispatchés au niveau des points de contrôle aéroportuaires. Les vétérinaires sont chargés, entre autres, de veiller à la conformité des produits importés d'origine animale. Des vétérinaires sont également déployés dans les abattoirs pour veiller à la qualité des viandes fraîches. Zakia Djitli, chargée de communication au SNV, révèle que des quantités de viande ont été écoulées sans le contrôle des vétérinaires. «C'est un moyen d'obliger nos fonctionnaires à renoncer à leur action», explique la syndicaliste. La corporation des vétérinaires, en plus de défendre le droit de départ à la retraite anticipée, réclame de meilleures conditions de travail, telle que le protection contre les risques de contamination. Dans l'administration publique, le taux national est de 60% pour les travailleurs des communes, selon Bendahmane Chaibi, coordinateur national du Syndicat algérien des fonctionnaires de l'administration publique (Safap). Ce syndicat, créé récemment, représente les travailleurs de l'administration locale et de l'enseignement supérieur où le taux de suivi est de 35%. Dans le secteur de la santé, le Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp) annonce un taux de 72% parmi les praticiens généralistes et les paramédicaux, indique le Dr Chibane, membre du bureau national. A l'hôpital Mustapha, le débrayage a été observé par 90% des praticiens ; le taux est de 100% au CHU Mohamed Lamine Debaghine. 95% des praticiens de Laghouat ont répondu favorablement à l'appel. Le Dr Chibane révèle que des éléments de l'Inspection du travail se sont rendus au niveau des structures sanitaires. «C'est une première», affirme le syndicaliste. Le débrayage — motivé également par des revendications liées à l'association des syndicats dans l'élaboration du nouveau code du travail — se poursuivra aujourd'hui. L'intersyndicale, qui réclame une protection du pouvoir d'achat des travailleurs, appelle à la mobilisation du secteur économique.