Sur le front de l'Est, l'intersyndicale a réussi de manière mitigée, hier, à mobiliser ses troupes pour le mot d'ordre de la grève contre la suppression de la retraite anticipée. L'adhésion a été plus importante dans le secteur de l'éducation où la perturbation s'est fait sentir. Devant les lycées de Coudiat, en plein centre-ville de Constantine, l'ambiance était animée en raison des centaines d'élèves livrés à l'école buissonnière. Comme d'habitude, l'écart était important entre le bilan des syndicats et celui livré par la direction de l'éducation. Selon Hichem Lemchenk, chargé de la communication au Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) au niveau de Constantine, le taux de la grève a atteint 80%. Le pic a été enregistré dans les lycées où, selon lui, le taux à frôlé les 90%. Aux antipodes de cet enthousiasme, Mohamed Bouhali, directeur de l'éducation de la wilaya de Constantine, a limité ce taux à 41,39% de grévistes, dont 9% font partie du corps administratif. Dans le secteur de la santé, sachant que le Syndicat des praticiens spécialistes (SNPSSP) a décliné l'appel de l'intersyndicale, les paramédicaux, pour leur part, n'ont pas réussi à mobiliser. Hormis une marche timide dans l'enceinte du CHU Ben Badis, le mouvement n'a pas fortement été ressenti. Même chose à Annaba, où le taux général de suivi de l'appel des 16 syndicats des secteurs de la formation professionnelle, de l'éducation, de la santé, de l'administration ainsi que du secteur économique a atteint seulement 35,91%. Si le personnel de l'éducation a pu hisser son bilan à 75,82% de participation, en revanche, dans les hôpitaux, l'administration des impôts et le Trésor public, entre autres, la grève n'a pas intéressé les travailleurs. Ce premier épisode de la grève cyclique à l'appel de l'intersyndicale s'est déroulé aussi dans le calme et aucun incident n'a été enregistré à Batna. La capitale des Aurès a connu le même scénario avec une forte adhésion de la famille de l'éducation (85,45%), selon le Cnapeste. Un chiffre contesté par la direction de l'éducation qui ne donne pas plus de 31,33% d'adhésion. Mitigé est aussi le mot qui qualifie, à Sétif, le suivi de l'appel lancé par les 16 syndicats. D'autant plus que les chiffres avancés par les différentes parties ne reflètent pas la réalité du terrain où la grève n'a pas obtenu le résultat escompté dans les secteurs de la santé et de la formation professionnelle, alors que les trois paliers de l'éducation nationale ont été plus ou moins perturbés. Selon la cellule de communication de la direction de l'éducation, le débrayage n'a pas dépassé les 13,64%. Le syndicat des professeurs du secondaire conteste et avance un taux de plus de 80%. Par ailleurs, ce mouvement n'a pas manqué de susciter la controverse entre les pour et les contre. «Après une brève accalmie, les enseignants, qui relèguent au second plan l'intérêt de l'élève, prennent une fois de plus nos enfants en otage», fulminent des parents d'élèves, interrogés par El Watan. Des grévistes que nous avons rencontrés, ne sont pas de cet avis, et précisent que «ce débrayage est motivé uniquement par la contestation de la mesure du gouvernement qui veut supprimer la retraite sans limite d'âge, point barre !»