L'identité architecturale de la ville d'Oran est encore enfouie dans les bas-fonds du vieux centre-ville qu'est le quartier de Sidi El Houari. Et les spécialistes du patrimoine appellent à des fouilles archéologiques pour déterrer ce trésor identitaire. En effet, lors d'une conférence, animée mardi au siège de l'association Bel Horizon, Kouider Metaïr a lancé un appel aux autorités publiques pour entamer «un grand projet pour trouver les traces du passage des Omeyades, Fatimides ou encore Zianides et Almoravides à Oran». Il déclare : «Aujourd'hui, quelque deux cents familles du quartier Sidi El Houari ont été relogées et si nous entamons des fouilles archéologiques, nous ne dérangerons personne à présent.» Et d'insister : «Notre cachet architectural, comme dans tout le pays d'ailleurs, ne se résume pas à un seul modèle, comme nous le constatons dans la construction des mosquées et leur minaret à base carrée, alors que d'autres styles spécifiques à Oran existent. Il faut déterrer tout ça.» Cet amoureux d'El Bahia a donné l'exemple de la mosquée en construction sur le plateau de Moulay Abdelkader : «Ce cadeau fait au saint- patron d'Oran devrait être tout aussi beau que la chapelle Santa Cruz, avec une identité à la fois moderne et ancrée dans notre propre histoire», a-t-il dit. M. Metaïr s'interroge sur le fait qu'on continue à construire de la même façon nos mosquées, par exemple, alors que les technologies actuelles permettent de faire d'autres choses. Le conférencier a insisté sur le rôle des architectes dans la préservation du patrimoine et de la consolidation de l'identité. «Nous avons des congrès soutenus et parrainés par les pouvoirs publics dans tous les domaines, sauf en architecture. Il faut se remettre en question, car on ne peut plus continuer à construire des millions de logements avec les mêmes erreurs», a fait remarquer M. Metaïr, qui rappelle les calamités qui sont en train d'engloutir le cachet urbain et patrimonial de nos villes à travers des constructions de cités-doroirs. Il faut savoir que l'association Bel Horizon fait de La Casbah d'Oran une priorité, car elle renferme un trésor à déterrer pour combler les oublis de l'histoire. D'ailleurs, dans le cadre du programme Patrimoine, lancé en partenariat entre l'Algérie et l'Union européenne, l'association a mis en œuvre plusieurs actions en matière de conservation et de valorisation du patrimoine culturel. Ces actions sont également une contribution au développement économique et social, qu'il s'agisse de tourisme ou d'architecture, grâce à la création de postes d'emploi, aux formations et au transfert de savoir-faire, comme c'est le cas dans l'artisanat ou la restauration. Le programme a permis à Bel Horizon de former 25 médiateurs et l'édition de deux livres et un film. Des propositions sont finalement formulées à l'issue de ce programme portant sur l'aménagement, la sensibilisation et, notamment, le projet de fouilles archéologiques, qui suscite l'intérêt de tous les spécialistes, qu'ils soient universitaires ou bénévoles.