Un marché en pleine croissance (il a multiplié par 4 son chiffre d'affaires depuis 2010 et atteint cette année 3,2 millions de dollars US), 21 000 visiteurs, là comme ailleurs, succès pour l'art contemporain. L'arrivée d'une galerie algérienne et celle palestinienne ont été largement soulignées. L'Algérie doit cette première représentation à l'initiative conjointe de Wassila Tamzali, directrice d'un nouveau lieu en cours d'ouverture au centre d'Alger, rue Didouche, «Les Ateliers sauvages – concepteur», et de Samir Toumi. Il s'ajoute aux nouveaux lieux d'exposition qui se sont ouverts récemment à Alger, «La Baignoire», dirigée par Samir Toumi, le Centre d'art d'El Achour, sans compter les manifestations nomades, comme Picturie générale, dont la dernière édition a connu le succès que l'on sait. Les artistes algériens et la ville d'Alger se répartissent les gains de ces soutiens. Les artistes d'abord : ceux présents à Beyrouth sont Fella Tamzali et Adel Bentounsi. Ce choix des exposants met en avant la diversité d'approches qui fait la richesse de l'art contemporain dans ce pays. Fella Tamzali-Taharimet met l'accent sur la vie intime des femmes représentées pour elles-mêmes. Avec une grande économie de moyens, l'artiste saisit des moments de vie quotidienne qu'elle juxtapose : pas de revendication affichée, mais une empathie sobre dans les demi-teintes du quotidien. Adel Bentounsi explore les rapports de la société algérienne avec l'art, l'islam populaire dans une installation photo, rendant compte d'une performance qui met le corps de l'artiste en scène, et intitulée «L'homme nu». «Un projet en marche» «Je peux dire que cela a été une expérience positive. Des œuvres des deux artistes sont maintenant dans des collections à Beyrouth, à Amman et à Paris. Nous avons été invités à occuper en janvier/février un espace expérimental consacré aux arts de la scène, du son et de l'image, ‘‘Dawawin''», nous dit Wassyla Tamzali. Il s'agit là d'une ambition affichée, et dès le début, par la fondatrice des Ateliers sauvages : parvenir à une diffusion hors d'Algérie. Rappelons que dès le commencement, cette dimension était présente aux Ateliers sauvages, puisque la première action en novembre 2015 a été menée avec El Atlal, une association palestinienne pour la participation des Ateliers au lancement de la Résidence d'artistes de Jericho, dont Adel Bentounsi était l'artiste invité. L'exposition prévue n'y ayant pas été possible à cause de l'intifada des couteaux, elle fut montée à Amman. Mais les Ateliers sont avant tout un lieu de création pour les artistes algériens. Le deuxième événement a été particulièrement marquant : exposition d'œuvres éphémères de cinq artistes (Adel Bentounsi, Mounir Gouri, Mehdi Bardi, Fella Tamzali-Tahari et Maya Benchikh El Fegoun). Le troisième moment, le 26 mai 2016, conscacré à Assia Djebar et à son film La Zerda, a réuni pour une réflexion sur ce travail de montage et de documents d'archives l'écrivaine Djalila Kadi Hanifi et la cinéaste Hejer Charf pour parler de ce travail de montage de documents d'archives, accompagnées d'une bande son qui donne à entendre toutes les langues algériennes. Ces moment forts reflètent les convictions culturelles et politiques de la fondatrice : défendre l'art pour sa capacité à interroger la société, faire dialoguer différentes formes de culture, s'intéresser à l'art arabe dans une perspective universaliste. Tous ces moments forts reflètent les convictions culturelles et politiques de la conceptrice : défendre l'art pour sa capacité à interroger la société, faire dialoguer différents formes de culture, s'intéresser à l'art arabe dans une perspective universaliste. Les ateliers sont aussi un lieu, un local commercial situé dans un ensemble des années cinquante, qui a fait l'objet d'une réhabilitation respectueuse et fonctionnelle par l'architecte Feriel Gasmi. Ce lieu, c'est aussi l'atmosphère d'une face d'Alger, l'Alger moderniste qui se réinvente au XXIe siècle. L'amour d'Alger, de la ville d'Alger a aussi conduit ce projet.