Le nouveau secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbès, homme de confiance du président Bouteflika, devra s'occuper à mettre de l'ordre dans la «maison» à l'heure des grandes convulsions politiques. Pour sa première sortie publique, le tout nouveau secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, s'est rendu hier matin à la maison de Mourad Boukechoura, sise au quartier Raïs Hamidou, à Alger, où s'était réuni, le 23 octobre 1954, le comité des Six historiques : Mostepha Ben Boulaïd, Larbi Ben M'hidi, Mohamed Boudiaf, Krim Belkacem, Didouche Mourad et Rabah Bitat, pour arrêter la date du déclenchement de la Révolution, le 1er Novembre 1954. A l'entrée de la maison fraîchement chaulée, Ould Abbès tente de convaincre les nombreux journalistes sur les raisons qui ont mis fin au mandat de son prédécesseur, Amar Saadani, à la tête du FLN : «Il nous a remis son dossier médical. Il a démissionné de son plein gré pour des raisons médicales, dans l'intérêt du parti et du pays.» Et de déclarer que «parmi ses missions prioritaires» figure «l'unification des rangs du FLN». Des rangs qui, faut-il le rappeler, ne cessent de s'effriter en raison des graves dérives de Amar Saadani. Ses virulents propos sur le dossier du Sahara occidental, ses relations suspicieuses avec le palais royal marocain et avec le Quai d'Orsay, ses déclarations sulfureuses contre le «groupe des 19» puis des «14» anciens responsables de la Guerre de Libération, sa violente offensive contre le directeur de cabinet de la Présidence et secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, n'ont fait que renforcer les rangs de ses détracteurs au sein même de son parti, mais aussi au niveau de la Présidence. Ses sorties publiques étaient de véritables shows médiatiques qui faisaient grincer les dents des plus hauts responsables du cercle présidentiel. Sa mission d'aider au débarquement du patron du DRS étant terminée, il était urgent pour ses «parrains» de l'éjecter, lui aussi, de l'échiquier politique, d'autant que ses alliances avec «l'ambitieux» vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major de l'Anp, Ahmed Gaïd Salah, qui aurait lui aussi des visées sur l'échéance 2019, ne sont que secret de Polichinelle. La rupture entre la Présidence et le secrétaire général du FLN étant consommée, il ne restait qu'à trouver les moyens et l'opportunité de le débarquer. La démission pour raisons médicales est le compromis le moins coûteux. Amar Saadani est rentré chez lui en laissant un FLN rongé par des défections de plus en plus nombreuses et une majorité parlementaire dirigée par des personnes aux missions douteuses, dont l'arrivée à l'APN a toujours suscité de lourdes interrogations. Hier, Djamel Ould Abbès, son successeur, s'est dit «conscient» de la lourde tâche qui l'attend. «Je sais qu'il me faut beaucoup de courage», a-t-il lancé. Pour y arriver, cet homme de 83 ans a fait appel à «tous les opposants sans exception et sans condition» afin qu'ils «rejoignent» le parti. «Je dis sans condition, parce qu'ils doivent savoir que les structures de base qui activent ont été élues pour un mandat de 5 ans. Si des gens veulent revenir au parti, ils ont le droit de le faire, mais en revenant à la base. Ils ont le droit de prendre part aux échéances qui nous attendent», a déclaré le nouveau secrétaire général du FLN. Il conteste «toute illégalité» de son plébiscite, arguant du fait que «ce dernier a eu lieu au moment où le comité central était en réunion ordinaire après que l'annonce de la démission de Amar Saadani et ma proposition comme successeur en raison de mon statut de doyen. Si cette démission avait été annoncée en dehors de cette réunion, il y aurait eu vacance du poste et, de ce fait, un congrès extraordinaire est obligatoire». Ould Abbès veut clore le chapitre de la légalité ou non de son plébiscite, qui semble n'être que le fruit d'un compromis entre Amar Saadani et la présidence de la République. Il ne sera probablement pas le seul. Des sources bien informées s'attendent à d'autres mesures, à l'approche de 2019, comme cela a toujours été le cas avant et après les échéances présidentielles que ce soit en 2014, en 2009 ou en 2004. Tous ces rendez-vous ont été précédés par un «recentrage» du centre de gravité du pouvoir.