L'annonce de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la Sécurité sociale provoque un rush sur les agences de la Caisse nationale de retraite. L'information, véhiculée depuis plusieurs mois, est confirmée. Ils sont pas moins de 130 000 salariés à avoir demandé de bénéficier de la retraite partielle ou anticipée depuis le début de l'année en cours. L'information a été donnée, hier, par Djaouad Bourkaïb, directeur de la Sécurité sociale au ministère du Travail. Le responsable, qui s'est exprimé sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, a indiqué en effet que «sur 180 000 dossiers de retraite que nous avons reçus, 130 000 concernent le départ à la retraite anticipée ou partielle». Les responsables de la CNR n'ont apparemment pas donné de suite favorable à tous les dossiers déposés. Mais le fait est que ce chiffre représente une véritable saignée dans la Fonction publique, premier secteur pourvoyeur de demandeurs de départ à la retraite anticipée. Selon le même responsable, la raison de ce départ massif à la retraite s'explique par la crainte que suscite l'entrée en vigueur de la nouvelle loi en janvier prochain. Pour beaucoup de fonctionnaires qui n'ont pas encore atteint 60 ans – âge désormais obligatoire pour tout départ à la retraite –, partir à la retraite est synonyme de plusieurs années de vie gagnées. Pourtant, pour les responsables, la nouvelle loi sur la retraite répond à un impératif vital : le système national de retraite est menacé essentiellement par la retraite proportionnelle et anticipée. «La loi sur la retraite de 1983 exigeait 60 ans comme âge légal de départ à la retraite. A l'époque, l'espérance de vie des Algériens était de 65 ans. Aujourd'hui, l'espérance de vie est de plus de 77 ans. Rien n'empêche donc les Algériens de travailler un peu plus», argue M. Bourkaïb, qui estime «anormal» que des cadres partent à la retraite à 50 ans. Pourtant, insiste le responsable, l'âge de départ à la retraite recule partout dans le monde. Il est de 62 ans en France et de 67 ans en Allemagne. Des pays où il existe 5 cotisants pour un retraité, alors que le chiffre est de 2,7 cotisants pour un retraité en Algérie. S'il reconnaît que «le système national de retraite connaît un déficit structurel», le représentant de l'Etat refuse de parler de la faillite de la Caisse nationale de retraite. «Heureusement qu'il y a une solidarité entre les caisses de Sécurité sociale», rappelle M. Bourkaïb, qui fait référence à l'apport financier de la Caisse nationale d'assurance sociale (CNAS) et de la Caisse nationale de sécurité sociale des non-salariés (Casnos) pour aider la CNR à surmonter ses difficultés de trésorerie. Parmi les nouveautés qu'apporte la nouvelle loi sur la retraite, Djaouad Bourkaïb cite la possibilité donnée aux employés hautement qualifiés de pouvoir continuer à travailler au-delà de la retraite. Ce qui leur permettra d'avoir un revenu supplémentaire, a-t-il dit. Il existe en Algérie près de 3 millions de personnes qui bénéficient «d'une manière ou d'une autre» du système de retraite. Parmi eux, plus de 2 millions de personnes perçoivent différentes formes de retraite ou de pension, selon l'activité assurée durant la vie active et le nombre d'années de cotisation.