Le projet de loi modifiant et complémentant la loi du 2 juillet 1983, relative à la retraite, qui fait bouger le monde du travail, va être examiné, prochainement, par le Parlement, et contient des dispositions mettant fin à certains types de retraite, dont la retraite proportionnelle et anticipée. C'est ce qu'a rappelé, hier, lundi à la radio nationale le directeur général de la Sécurité sociale au Travail, Djaouad Bourkaïb. A partir de janvier 2017, il y aura la retraite normale à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes ; la retraite proportionnelle, sans condition d'âge va être supprimée,, a-t-il indiqué. Quant au dispositif de la retraite anticipée en direction des travailleurs qui perdent leur emploi pour des raisons économiques, ce « dispositif reste, mais il n'y a plus d'entreprises en difficultés économiques », précise M. Bourkaïb. En fait, explique t-il, « la retraite proportionnelle et sans condition d'âge disparaît, car elle a été mise en place dans le cadre de l'ajustement structurel du FMI et cela va être supprimé pour que la retraite revienne à 60 ans. » « Ce qu'on supprime, c'est le départ volontaire, sans raison, à 50 ans. Ce n'est pas possible de maintenir ce système, c'est quelque chose qui va porter préjudice au système de retraite », a-t-il souligné. A l'issue des travaux de la 19ème Tripartite de juin dernier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait affirmé qu'il a été convenu, entre les partenaires de la Tripartite de fixer l'âge de départ à la retraite, à 60 ans. L'application de l'ordonnance 97-13 a fait que sur 1,6 million de droits directs de retraite (retraités), plus de 50% sont des retraites précoces. M. Bourkaïb rassure, d'autre part, que « le système reste en place, les droits sont préservés, et aucun paramètre de calcul de la pension de retraite ne change, le taux plein, c'est 80% d'un salaire des 5 meilleures années. » Pour rassurer les travailleurs et mettre fin « aux rumeurs », il a rappelé que « les travailleurs sont bien protégés, et il n'y a aucun changement des paramètres de calcul de la retraite. » Quant aux métiers pénibles, dont la liste n'est pas encore connue, le directeur de la Sécurité sociale au ministère du Travail relève qu'il y a des métiers, « qui génèrent des états de fatigue exceptionnelle où des travailleurs qui exercent un métier qui entraîne des répercussions durables sur l'état de santé ou des incapacités partielles. » « La compensation de ces métiers est de partir, avant l'âge légal, cela va être déterminé par une commission spéciale qui va mettre en place les métiers de haute pénibilité (et) les travailleurs concernés par ce système peuvent partir en retraite anticipée », a expliqué M. Bourkaïb, tout en restant évasif sur la question de savoir quels sont ces métiers pénibles. Il a, cependant, indiqué que cette commission, qui va définir le type des métiers pénibles, sera composée d'experts et de représentants des travailleurs, entre autres. Quant aux travailleurs aux métiers spécifiques et de haute technicité, ils pourront ne pas partir en retraite et recevoir comme « bonus » une revalorisation à plus de 80% de leur retraite. « Pour les métiers de haute définition, ils resteront avec des pensions de sur-cote, sur chaque année et leur pension dépassera les 80%. » Pour autant, M. Bourkaïb insiste sur le nécessaire rééquilibre de la Caisse de retraite. « Il y a un peu plus de 3 millions de (personnes), qui bénéficient de la retraite. 1,8 million sont des pensions directes, le reste sont des avantages aux ayants droits », a-t-il expliqué, alors que le montant annuel global en droits contributifs est de 800 milliards de DA. Par rapport aux recettes de cotisations, « il y a un écart, pris en charge, dans le cadre de la solidarité inter-caisses, dû aux départs en retraite sans conditions d'âge et anticipée », explique t-il, avant de préconiser d'agir sur « la cause principale de cet écart, le départ avant l'âge de départ à la retraite. » Dès lors, « le projet de loi agit sur cette raison du déficit structurel de la branche retraite, tout en incitant les gens à revenir à la valeur travail », affirme t-il. En fait, 52% des effectifs de la Caisse de retraite « sont des retraites précoces. Cette année, il y a un pic, car sur 200.000 demandes de départ en retraite, 130.000 sont sans conditions d'âge. » Pour le DG de la CNAS, « l'objectif des pouvoirs publics est d'améliorer la pérennité du système de retraite algérien. Il y aura la réforme avec ses avantages, et ce sera au législateur de décider. » Enfin, il a expliqué qu'en Algérie comme dans beaucoup d'autres pays, dans le monde, en particulier en France, le plafond de la retraite ne peut dépasser les 180.000 dinars nets de pension. « Il y a un plafond de 270.000 DA bruts, le plafonnement du système de retraite chez nous, c'est 15 fois le SNMG. » Mais, du côté des syndicats indépendants, ce projet de loi a été, vivement, dénoncé, et reste au cœur de leurs revendications sociales, avec la tenue, ce mardi et hier lundi, du second cycle de grèves notamment dans le secteur de l'Education.