L'alerte est donnée par les spécialistes des questions sociales. Ils sont unanimes à affirmer que le degré de violence atteint dans le pays n'est pas à sous-estimer ni à continuer à y faire face avec des demi-mesures. Le phénomène n'est plus ce qu'il était autrefois où l'instant de la colère faisait juste perdre la tête sans trop de dégâts à regretter. Il s'agissait alors beaucoup plus d'accrochages verbaux, au pire de coups de pied ou de tête assénés dans la mêlée. Ce n'est plus le cas actuellement puisque l'acte de violence est désormais réfléchi, préparé et opéré par bande organisée. C'est dire que les raisons et les intentions qui accompagnent cet instant de nervosité ont radicalement changé. Il importe de signaler que depuis quelques années la violence est omniprésente. Elle ponctue le quotidien de tout un chacun où qu'il se trouve. Et les conséquences sont souvent désastreuses. L'exemple du jeune avocat tué devant sa femme et sa fille pour une banale histoire de code de la route témoigne de cette nouvelle tendance à la violence extrême qui s'affirme dans le fragile équilibre comportemental du commun des citoyens. L'autre caractéristique des temps modernes, marquée par le gain facile à tout prix, pousse de cupides illuminés à recourir à la résurgence de pratiques barbares. C'est le cas du rapt et de l'assassinat de jeunes enfants utilisés dans le charlatanisme ou offerts en offrande dans une lugubre quête d'un prétendu trésor ! Des enfants de Sidi Bel Abbès et de Béchar ont été, hélas, la proie facile de ces énergumènes d'un autre âge. Aussi horribles et traumatisants, ces actes en vogue depuis quelque temps ne doivent pas minimiser l'ampleur de la délinquance juvénile, très présente et surtout très active dans nos cités. Elle tient sa dangerosité dans les contingents susceptibles de gonfler ses rangs au fil des années. A lui seul, le secteur de l'enseignement éjecte annuellement quelque 600 000 jeunes qui viendront allonger la liste des chômeurs et, par la même, celle des candidats aux tentations criminelles. L'introduction des drogues dures dans les cités et la banalisation de la mort avec l'avènement du terrorisme et l'hécatombe sur nos routes ont fait de la vie humaine une question sans importance particulière. De leur côté, les politiques, séduits par les feux de la rampe braqués sur la question du logement et du recasement, s'y sont engouffrés pour soigner leur image personnelle. Par leur égotisme démesuré, ils ont occulté tout l'environnement indissociable des regroupements humains. L'absence d'infrastructures de base, particulièrement les structures éducatives, sanitaires et sécuritaires, envenime les relations entres les anciens résidents, se sentant soudain envahis par les nouveaux venus. Des batailles rangées éclatent alors, occasionnant des morts et des blessés graves. Le sabre a remplacé le gourdin d'autrefois, marquant ainsi un changement même dans le choix des armes !