l «Le gouvernement s'oppose à tout débat sur la question et n'offre aucune solution alternative à la suppression de la retraite anticipée ; ce sera contreproductif», estime Meziane Meriane, coordonnateur du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest). La colère des travailleurs exprimée ces deux dernières semaines par une grève cyclique risque de monter d'un cran. Les dernières sorties médiatiques du Premier ministre et du secrétaire général de l'UGTA ont mis le feu aux poudres. En justifiant le choix du gouvernement d'opter pour la suppression de la retraite anticipée et de ne pas reculer dans sa décision, M. Sellal a annoncé la clôture du débat sur le dossier de la retraite anticipée. Ce qui a suscité l'indignation des syndicats initiateurs de la grève contre la réforme de la retraite. «Le gouvernement s'oppose à tout débat sur la question et n'offre aucune solution alternative à la suppression de la retraite anticipée ; ce sera contreproductif», estime Meziane Meriane, coordonnateur national du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest). Les syndicats, qui étaient peu optimistes quant à une rupture du gouvernement avec sa «politique d'exclusion», ne s'attendaient pas non plus à une «fermeture totale du dialogue sur une question qui implique tous les travailleurs du pays». Aucune solution n'est envisagée à la préoccupation des milliers de travailleurs dont le rendement est affecté après un certain nombre d'années de travail. Un débat sérieux s'impose sur le syndrome d'épuisement professionnel et le burn-out dont souffrent plusieurs catégories de travailleurs, pour lesquels les décideurs doivent trouver une issue si l'option de leur permettre de partir plus tôt en retraite n'est pas possible, explique M. Meriane. Le syndicaliste rappelle que les enseignants, à titre d'exemple, doivent bénéficier de postes aménagés après une certaine période de travail. Dénonçant la «fuite en avant» prônée par le gouvernement, le coordonnateur national du Snapest appelle à une étude scientifique du dossier des maladies professionnelles et craint que «l'élaboration du décret fixant les métiers à haute pénibilité soit expédiée sans réflexion sérieuse. On aurait réellement souhaité une réflexion avant la prise de décision, contrairement à ce qu'est en train de faire le gouvernement Sellal». L'argent des travailleurs chez Khalifa Bank Même position au Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) qui déplore que «le gouvernement qui impose ses choix n'offre en contrepartie aucune autre issue au conflit, dans lequel les représentants des travailleurs ne sont pas prêts à faire la moindre concession». Mais ce sont les propos du patron de l'UGTA qui suscitent la colère des représentants des syndicats autonomes, qui se réuniront aujourd'hui pour adopter la marche à suivre quant à la nature et à la durée de l'action de protestation pour exprimer leur opposition à la réforme de la retraite, notamment pour ce qui est de la suppression de la retraite anticipée. «Nous n'avons aucune leçon de patriotisme ou de nationalisme à recevoir, surtout pas du patron de l'UGTA», s'indignent les représentants des deux syndicats précités. «Il ne faut pas faire l'amalgame entre la mobilisation pour la défense des droits des travailleurs et la menace sur la stabilité du pays. Sidi Saïd ne doit pas ignorer que l'intersyndicale sera en première ligne pour défendre le pays contre tout danger», ajoute M. Meriane. Le président du Satef, Boualem Amoura, dénonce les derniers propos de Sidi Saïd, lui rappelant que «les représentants des syndicats autonomes qui ne font que défendre légalement les droits des travailleurs n'ont ni comptes à l'étranger ni cartes de résidence, et encore moins des possibilités de séjour ou de soins à l'étranger». Pour M. Amoura, «le patron de l'UGTA devrait s'expliquer sur le dépôt de l'argent des travilleurs dans les caisses d'El Khalifa et le préjudice causé. Qu'il assume sa responsabilité». Le président du Satef se dit «déçu» par le discours «peu responsable» des membres du gouvernement qui, depuis quelques jours, «dénigrent les représentants des travailleurs». Pour rappel, le secrétaire général de la centrale syndicale a plaidé contre les grèves et a affirmé son «soutien au nom des membres de l'UGTA en faveur des mesures prises par le gouvernement». Treize syndicats autonomes se réuniront aujourd'hui pour décider de la suite à donner à la grève cyclique enclenchée depuis le 17 octobre. «Il est clair que toutes les options sont à envisager, mais il n'y aura pas de machine arrière», affirment nos interlocuteurs.