La question de la sûreté du transport aérien revient de manière itérative ces dernières années, notamment depuis le 11 septembre 2001. La hantise des détournements d'avions et des attentats terroristes pousse les gouvernements des pays comme ceux de l'Union européenne (UE) à pondre un nouveau règlement comportant des mesures draconiennes, relatives notamment à la sécurité dans les enceintes aéroportuaires et dans les aéronefs. Les nouvelles mesures de sûreté édictées par la Commission européenne, et qui s'appliqueraient sur tous les vols au départ de ou en partance pour un Etat membre de l'UE, entreront en vigueur dès demain 6 novembre, a indiqué hier un communiqué de la compagnie aérienne Air France. Applicable, donc, pour les vols en partance d'Alger, les passagers devront désormais s'accommoder de nouvelles mesures restreignant principalement l'acceptation de transport de liquides en cabine. Des mesures justifiées dans le règlement n° 1546/2006 de la Commission européenne par la nécessité de « faire face au risque d'introduction d'explosifs liquides dans les aéronefs ». Désormais, indique le communiqué, « les liquides sont prohibés, sauf ceux contenus dans des récipients de 100 ml au maximum, placés dans un sac plastique transparent avec fermeture d'une capacité d'un litre maximum. Le contenu du sac doit y tenir commodément, et le sac doit être entièrement fermé ». Est considéré comme liquide, selon le communiqué, « les gels, substances pâteuses, les lotions, les mélanges liquides/solides et le contenu des récipients à pression ». En d'autres termes, les dentifrices, gels capillaires, boissons, potages, sirops, parfums, mousses à raser, aérosols et autres artifices de consistance similaire passeront désormais à la trappe des préposés à la sécurité dans les cabines d'aéronefs. Seuls les aliments et substances médicales indispensables à la santé échappent à ces restrictions, mais qui, en cas de besoin, se doivent d'être justifiés (éventuellement en les goûtant). Par ailleurs, les liquides achetés dans des escales de vols effectués dans un pays de l'UE ou à bord d'un transporteur de l'UE « doivent être placés dans un sac transparent scellé par le vendeur et accompagné de la preuve d'achat ». Dans tous les autres cas, les liquides achetés sont retirés au passager. En plus du transport des liquides, les bagages de cabine sont soumis aux restrictions et ne sont tolérés à partir de demain, que les bagages les plus légers (n'excédant pas 56 cm x 45 cm x 25 cm), exception faite des « articles trop grands et qui sont de valeur ou fragiles », mais dont l'autorisation préalable lors de l'enregistrement est exigée. Les ordinateurs et articles électriques de grande taille doivent être retirés des bagages cabine avant inspection et doivent être inspectés séparément, indique en outre la nouvelle réglementation pour la sûreté dans les aéronefs. Ce sont entre autres les mesures édictées par la Commission européenne, et les autres compagnies aériennes auront certainement à enjoindre le pas à Air France pour les communiquer aux passagers. Devenu un problème de défense nationale, beaucoup d'Etats, particulièrement les Etats-Unis d'Amérique sont passés à des dispositifs de sûreté des plus sévères. Selon un rapport publié en 2005 par l'Assemblée française, l'Amérique est passée d'un système, « dans lequel le niveau de sûreté était inférieur à celui de l'Europe, à un dispositif visant l'objectif de sécurisation maximale du contrôle des passagers, des bagages et du fret ». L'Europe s'adapte à son tour à la nouvelle donne, mais le rapport montre, paradoxalement, que ce renforcement général des mesures de sûreté a entraîné une hausse des dépenses qui a affecté les effectifs et les matériels, sans pour autant déboucher sur une amélioration de la sûreté. Parmi les difficultés énoncées dans le rapport pour une efficacité optimale, figurent des « imperfections persistantes des systèmes de contrôle dues à l'insuffisance des effectifs, la formation et les conditions d'emploi insatisfaisantes des personnels de contrôle, ou encore l'inadéquation des équipements à la menace ainsi que des conflits avec la logique économique, en particulier en favorisant diverses distorsions de concurrence, mais aussi avec les exigences de l'Etat de droit ».