L'Espagne, qui assure la présidence tournante de l'Union européenne, souhaiterait «une position commune de l'UE». Or, tout le monde sait que Paris a agi d'une manière unilatérale. Convaincre les partenaires européens du bien-fondé de sa décision de classer l'Algérie sur une liste noire, s'avère très compliqué pour le président français. Nicolas Sarkozy, qui mène une véritable campagne pour pousser l'Europe à appliquer des mesures restrictives au niveau de ses aéroports à l'égard des citoyens algériens, devra trouver les arguments qu'il faut. Il est même appelé à opter pour une tout autre approche s'il désire que sa mission aboutisse. Hier, Son Excellence l'ambassadeur du Royaume d'Espagne en Algérie M.Gabriel Busquets, est revenu sur ce dossier. De prime abord, il confirme que «la sécurité aérienne est une priorité pour les Européens aujourd'hui plus qu'auparavant si l'on tient compte des deux tentatives terroristes échouées aux Etat-Unis et dans un pays européen». La question était d'ailleurs, abordée par les ministres européens de l'Intérieur à loccasion d'une réunion informelle tenue la semaine précédente. D'ores et déjà, M.Gabriel affirme qu'il est extrêmement difficile de prévoir quelle sera la position de l'Europe. «Les ministres de l'Intérieur n'ont pas évoqué, lors de cette réunion, le scanner corporel», soutient-il lors d'une conférence-débat à El Moudjahid. L'Espagne, qui assure la présidence tournante de l'Union européenne, souhaiterait «une position commune de l'UE». Or, tout le monde sait que Paris a agi d'une manière unilatérale. L'Algérie, si l'on se réfère à la déclaration du ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci, a appris cette mesure par voie de presse. Quant à l'Europe, elle fait face aujourd'hui à la demande pressante de Paris d'appuyer sa démarche, pour, dit-il, assurer la sécurité de l'espace européen. L'ambassadeur d'Espagne qui a assuré qu' à l'heure actuelle «aucune décision n'est prise», défend tout de même que «quelle que soit la position, elle doit respecter les principes des droits de l'homme et les règles internationales». Rappelons qu'en 2008, le gouvernement français avait tenté d'expérimenter les scanners corporels avant de devoir faire marche arrière. Ce sont, en effet, les accusations de voyeurisme émanant de parlementaires européens et d'associations de respect des libertés individuelles qui avaient eu raison du projet porté alors par la ministre de l'Intérieur de l'époque, Michèle Alliot-Marie. Le règlement 300/2008, décidé après les attentats du 11 septembre et plusieurs fois réactualisé depuis, ne fait pas mention des scanners corporels. Mais les autorités françaises entendent s'appuyer sur son article 6, qui prévoit que «les Etats membres peuvent appliquer des mesures plus strictes que les normes de base communes (...) sur la base d'une évaluation des risques». Sur un autre chapitre, l'ambassadeur espagnol a mis les points sur les «i» au chapitre de la circulation des personnes. Gabriel Busquets a distingué trois principales catégories. La première est représentée par les 55.000 ressortissants algériens en Espagne. Ces derniers, selon lui, «vivent dans de bonnes conditions. Ils se sont bien intégrés dans la société et bénéficie des droits que leur procurent les lois du pays». La deuxième catégorie, concerne les harraga. Sur ce point, Gabriel Busquets est intransigeant. Ceux qui ont franchi le territoire espagnol d'une manière illicite seront rapatriés. Des discussions avancées sont entamées entre l'Algérie et l'Espagne pour résorber ce phénomène. Enfin, il y a les Algériens qui se rendent en Espagne pour le tourisme ou pour les affaires. Le gouvernement espagnol s'engage à faciliter leur circulation, à travers notamment des visas de longue durée. Entre l'Algérie et l'Espagne, les dossiers de coopération sont divers. La lutte antiterroriste s'est greffée comme l'une des priorités. Dans ce sens, l'invité du Forum El Moudjahid, a indiqué à propos de la situation au Sahel, que l'UE, dont des délégations ont déjà effectué deux visites dans la région, «coopère avec les pays concernés au niveau de la sécurité, sans négliger le développement économique et social.» L'Espagne a réitéré hier son soutien à la résolution 1904 qui interdit le paiement des rançons. Bousquets a indiqué que l'Algérie est un «partenaire privilégié» de l'Union européenne (UE) dans la région du Maghreb arabe, dans l'espace méditerranéen, dans la zone du Sahel et au Proche-Orient. L'UE veut accompagner l'Algérie dans sa transition, poursuivre le dialogue politique, encourager le partenariat énergétique et développer la coopération, notamment en matière d'infrastructures énergétiques, de commerce, de lutte contre le terrorisme. A propos de coopération énergétique, il a rappelé que l'Algérie est le 3e fournisseur de l'Europe en gaz, avec 19% des approvisionnements. Abordant les relations entre l'Algérie et l'Espagne, M.Busquets pour qui la coopération bilatérale est principalement concentrée sur l'énergie, a estimé, toutefois, que les autres secteurs ne sont pas négligés, soulignant que son pays est le second investisseur européen en Algérie. A une question sur le rôle de l'Espagne dans la réactivation des efforts en vue d'une solution au problème du Sahara occidental, durant sa présidence de l'UE, M.Busquets a rappelé la position de son pays vis-à-vis de cette question de décolonisation, en se référant au communiqué commun adopté le 7 janvier dernier à Madrid, lors de la tenue du IVe réunion de haut niveau entre l'Algérie et l'Espagne. Il a souligné, à cet égard, que la position de l'Espagne est «claire» et consiste à soutenir les efforts des Nations unies «afin de trouver une solution juste, définitive et mutuellement acceptable qui garantisse le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui».