Transféré il y a un mois de la prison de Sétif à celle de Constantine, Slimane Bouhafs subit depuis une semaine «les menaces d'un groupe de prisonniers qui ont tenté précédemment de l'agresser physiquement», assure sa fille Tilleli. Condamné par la cour d'appel de Sétif, début septembre, à 3 ans de prison ferme pour «atteinte à l'islam et au prophète Mohamed», Slimane Bouhafs, de confession chrétienne, qui purge sa peine depuis un mois à la prison de Constantine, vit désormais «sous les menaces de ses codétenus». Sa fille, qui lui a rendu visite vendredi, revient aujourd'hui avec la peur au ventre. Elle affirme à El Watan que l'intégrité physique de son père est «réellement menacée» et appelle, par la même occasion, la direction dudit établissement pénitentiaire à «prendre ses responsabilités» et à «veiller sur sa sécurité». «C'est suite à une discussion provoquée par ses codétenus après avoir suivi les déclarations d'un prêcheur qui anime une émission diffusée souvent à l'intérieur de la prison. Le sujet évoqué ce jour-là était celui des non-musulmans en Algérie. Ce dernier avait appelé à les répudier et à les châtier. Mon père, comme je le connais, avait pris position. Selon ce qu'il m'a raconté, il avait défendu l'idée que l'Algérie n'était pas que musulmane et que les non-musulmans algériens ont eux aussi le droit de vivre librement leur foi dans leur propre pays. Ce discours n'avait pas plu aux autres détenus qui l'ont agressé physiquement. Heureusement qu'un prisonnier était intervenu à temps et alerté les gardiens», s'inquiète Tilleli traumatisée. La jeune fille assure que ce n'est pas la première fois que son père a affaire à ce genre de comportements. «Le fait qu'il soit chrétien le met de fait sous le viseur des autres détenus qui le considèrent comme un ennemi de l'islam. Il avait vécu les mêmes menaces à Sétif comme à Constantine», assure-t-elle. Alors que son père lui avait pourtant avoué que les conditions de détention à Constantine étaient nettement meilleures, sa fille affirme que sa famille souhaite aujourd'hui, par crainte pour sa sécurité, de le transférer à Béjaïa. «Je n'ai jamais vu mon père aussi effondré psychologiquement. Il a tenté de nous cacher ses craintes, mais ça se voyait qu'il était terrifié. Nous allons formuler notre demande auprès du procureur de Oued Ghir à Béjaïa. Nous souhaitons vivement qu'il accepte son transfert dans cette ville, et ce, dans les brefs délais. Nous avons de bonnes raisons de nous inquiéter sérieusement pour sa vie», insiste-t-elle.