A en croire la plus récente déclaration du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, l'heure du permis à points a sonné. Invité avant-hier de la Radio nationale, il a annoncé que 2017 verra l'introduction du permis à points biométrique ainsi que la carte d'immatriculation électronique biométrique également. L'annonce déjà faite en mai dernier par Mahieddine Elias, chargé des études et de la planification au ministère de l'Intérieur et chef du projet permis de conduire et carte d'immatriculation électronique biométriques, lors d'un point de presse, semble cette fois-ci en route vers la concrétisation sur le terrain. Pour ceux qui l'ignorent encore, en plus des options d'identification et de vérification électroniques, ce nouveau permis à points (24) sera en relation avec un système de gestion automatisée des règles de la circulation et de la sécurité routières. Pour la carte d'immatriculation, plus connue sous le nom de carte grise, elle sera la grande nouveauté de l'année. Elle intégrera les fonctionnalités associées au contrôle et à la vérification qui s'effectueront de manière automatique. Elle implémentera des fonctionnalités liées au contrôle du véhicule, aux assurances et essentiellement à la rationalisation de la consommation de carburant, et ce, en association avec un système d'information dédié à cet effet. De facto, avec l'adoption d'une nouvelle numérotation, les plaques d'immatriculation actuelles changeront. Elles seront alphanumériques où le code de la wilaya disparaîtra. La volonté du ministère de l'Intérieur est d'attribuer aux véhicules, à travers ce nouveau système, un numéro d'identification unique qui restera tel quel même avec le changement de propriétaire. Toutefois, aucune information n'est divulguée quant au prix que devra payer le citoyen pour l'obtention de ces deux nouveaux documents ou le nombre de permis de conduire et de carte d'immatriculation biométriques qui seront mis en circulation. Pour lutter contre le phénomène des accidents de la route, M. Bedoui revient sur le travail déjà mené avec les Espagnols et les Français afin de mettre en place l'arsenal juridique. Ainsi la délégation intersectorielle à la sécurité et à la prévention routières veillera aux autres fonctions à appliquer. Si cette annonce fait la fierté de certains dont essentiellement les hauts responsables, les experts de la route ont une vision différente. D'autres n'y croient même pas. L'Union des transporteurs, elle, reste réticente quant à la véritable mise en circulation de ces nouveaux dispositifs. «Nous ne sommes pas contre cette volonté de l'Etat de mettre un terme aux multiples disparités dans le système de la circulation des voitures. Mais, à comptabiliser le nombre de fois où l'introduction du permis à points a été annoncée sans suite, ces déclarations ne dépasseront pas le stade de l'annonce tant que cela n'a pas été appliqué sur le terrain», déclare Bellal Mohamed, président de l'Union nationale des transporteurs. Même s'il adhère pleinement à cette démarche, M. Lazouni reste également sceptique quant à la mise en service du nouveau dispositif. «Jusqu'à aujourd'hui, personne ne sait comment va fonctionner ce permis à points, ni qui se chargera réellement du retrait des points en cas d'infraction. Il faut le dire, rien n'est encore clair. Avant de mettre ce nouveau système en marche, il faut absolument le faire précéder par des campagnes de divulgation et d'information, non seulement auprès des citoyens mais aussi des gendarmes, des policiers et des autres agents de la sécurité routière», explique-t-il. Selon notre interlocuteur, la réussite de ce nouveau système est tributaire d'un moyen informatique national solide pour pouvoir tout gérer même à distance. Pour le phénomène des accidents de la route, M. Lazouni insiste sur l'obligation de relever les conditions d'attribution du permis de conduire, notamment pour les conducteurs de véhicules de transport en commun et de poids lourds, responsabiliser les automobilistes, investir dans l'éducation routière dans les écoles et non pas se contenter d'amendes et de répression.