Depuis le début de la semaine, on a presque cru que les anciennes patientes atteintes du cancer du sein ne pourraient plus suivre leur traitement. L'oncologue Kamel Bouzid dénonce la perturbation dans la livraison du médicament Herceptin. - Pensez-vous que la question de l'interchangeabilité du médicament Herceptin du laboratoire Roche avec le biosimilaire CanMab de Biocon, importé par le laboratoire turc Abdi Ibrahim, pourrait être définitivement tranchée lors de la réunion de mardi prochain ? Certainement. En fait, il s'agit d'une nouveauté dans la mesure où c'est la première fois que les pharmaciens hospitaliers sont associés. Par ailleurs, les cadres du ministère de la Santé, les gestionnaires de la PCH et les oncologues seront également présents. Nous allons mettre les choses à plat pour concrétiser ce que nous avons demandé depuis déjà 18 mois. Autrement dit, le Herceptin pour les anciennes patientes et le biosimilaire pour les nouvelles. - Quelle est la situation actuelle ? Le médicament en question a-t-il été livré finalement ? La crise a été réglée avant-hier (lundi, ndlr) concernant le CPMC et les structures des différentes wilayas. J'ai demandé à ce que les autres hôpitaux soient livrés aussi. La situation de crise a donc été réglée. Il s'agit à présent de traiter les nouvelles malades avec le biosimilaire vu que sa date de péremption est octobre 2017, et de continuer avec le Herceptin pour les anciennes patientes. Mais le switch n'est donc pas possible pour l'instant. Une polémique a éclaté à ce sujet, car les gestionnaires ont cru qu'on pouvait substituer les deux médicaments. Ils (les gestionnaires) pensaient qu'on pouvait les interchanger alors qu'il y avait un écrit qui date de 18 mois qui soulignait qu'on ne pouvait pas le faire. Entre-temps, je ne sais pas ce qui s'est passé entre le ministère de la Santé et la PCH, il n'y a pas eu la transmission de ce que nous avons demandé. Nous avons même eu des réunions au ministère à l'époque avec des experts de l'OMS et j'avais attiré l'attention de toutes les parties pour éviter ce genre de problème. - Vous dites qu'il n'est pas question de switcher dans les conditions actuelles Scientifiquement, quel risque ces patientes encourent-elles exactement ? Les patientes sont soumises à un risque potentiel immédiat, à savoir une anaphylaxie par la production d'anticorps. Avec des connaissances universelles en Norvège, aux Etats-Unis ou ailleurs... un risque que nous connaissons et que nous ne voulons pas faire prendre à nos patientes. Il s'agit de produits biologiques, il y a donc un risque immédiat d'un choc d'une anaphylaxie au moment de la première injection, c'est un choc que nous pouvons gérer ; en revanche, s'il y a un risque que le médicament fabrique des anticorps contre le biosimilaire, il sera donc inefficace. - Peut-on assurer alors le Herceptin pour toutes les anciens patientes tout au long de leur traitement ? Celles qui vont guérir termineront le traitement en juin 2017, au moment où le biosimilaire sera introduit. Mais pour les patientes métastasiques, cela peut aller juqu'à 5, 10 voire 15 ans. J'ai insisté pour qu'on assure la pérennité de ce produit pendant cette période. Car même en situation métastasique, les patientes vivent plus longtemps. Qu'on ne vienne pas donc me dire un jour que l'usine a été fermée ou qu'on ne peut plus assurer la pérennité du médicament. Nous allons organiser une stratégie avec la PCH, les pharmaciens hospitaliers et les oncologues pour consommer les produits biosimilaires puisqu'ils ont été achetés par l'Etat. Et surtout pour ne pas répéter l'erreur commise il y a 7 mois, au moment de l'appel d'offres lorsqu'ils ont réparti les appels d'offres en fonction de la Dénomination commune internationale (DCI) et non par rapport au nom commercial du produit. Cela dit, le code des marchés n'autorisait pas à utiliser le nom commercial, il aurait fallu une dérogation et c'est ce qui nous a mis dans cette situation.