L'ouverture, hier, des travaux de la session ordinaire du bureau politique du Parti des travailleurs a été l'occasion pour Louisa Hanoune d'alerter sur les dangers qui guettent le pays et les Algériens en 2017. Loi de finances, élections législatives, visite de Abdelmalek Sellal en Arabie Saoudite... Louisa Hanoune cerne les contours d'une politique suicidaire qui vise à disloquer l'unité nationale. «Le gouvernement a tourné le dos à la majorité du peuple pour se mettre au service exclusif d'une minorité d'oligarques maffieux», dénonce la première responsable du PT en qualifiant le projet de loi de finances 2017 de «véritable déclaration de guerre» au peuple. «Le système est un danger mortel pour le pays», avertit-elle, en ajoutant que la voie est ouverte à tous les risques et qu'une explosion du type Printemps arabe n'est pas à exclure. «Aucun peuple n'accepterait de mourir pour une minorité», souligne Mme Hanoune, en appelant les militants et syndicats à se tenir mobilisés, car tout peut basculer. «Les Algériens se sont soulevés contre les lois de l'indigénat et pour la réhabilitation de la souveraineté nationale.Nous vivons aujourd'hui un retour au code de l'indigénat et une dissolution des missions de l'Etat au profit d'une oligarchie», dit-elle, avant d'évoquer la sortie saoudienne de Abdelmalek Sellal : «Nous avons vu que même à l'étranger, ce sont les représentants de cette oligarchie qui parlent au nom de l'Algérie et rassurent les hommes d'affaires saoudiens. Des hommes d'affaires qui ont financé des bandes criminelles pour semer le trouble en Syrie», dénonçant un dangereux risque de renoncement aux principes de la diplomatie algérienne. Algérie-Arabie Saoudite : renoncement aux principes de la diplomatie algérienne ? «Quel terrorisme assure combattre Abdelmalek Sellal avec l'Arabie Saoudite, ce pays qui a créé le terrorisme ? Ce pays pour qui la résistance palestinienne, le Hezbollah, et les Yéménites sont considérés comme des terroristes. Y a-t-il un retour sur les positions de l'Algérie», s'interroge Mme Hanoune en qualifiant d'«inquiétantes» les déclarations du Premier ministre. «Veut-on déroger à nos principes et envoyer notre armée hors des frontières pour devenir un deuxième Pakistan et livrer le pays aux organisations terroristes ?» L'Algérie est face à son destin et passe par la plus délicate situation depuis son indépendance, assure la responsable politique. «Il nous semblait que le changement opéré à la tête du FLN était un signe de prise de conscience du pouvoir, mais il s'est avéré que non. Nous enregistrons une accélération dans l'application de politiques destructrices», indique Mme Hanoune en alertant sur une privatisation de l'Etat au profit de «cliques». Inflation, baisse drastique du pouvoir d'achat, augmentation du chômage, récession à cause de la baisse du niveau de consommation, l'année 2017 sera celle de toutes les peines pour les citoyens algériens, mais en face, une minorité d'oligarques bénéficie de toutes les facilités. «Le gouvernement préfère toucher aux acquis sociaux et éreinter les travailleurs et les ménages au lieu de taxer les fortunes. Avant d'appliquer l'austérité sur les couches vulnérables, pourquoi ne pas collecter les 9981 milliards de dinars d'impôts impayés (ce chiffre date de 2013 et pourrait atteindre 15 000 milliards cette année), pourquoi ne pas recouvrer les 1000 milliards de dinars de droits de douane non honorés à ce jour, de même pour les 7500 milliards de crédits bancaires non remboursés ?» interroge Louisa Hanoune. Et d'affirmer que «ces trois sources de financement suffiraient à combler le déficit budgétaire sur trois années» sans toucher à la fiscalité pétrolière. De même, ajoute-t-elle, les 5 milliards de dollars octroyés par l'Algérie au FMI devraient servir les intérêts du pays et nous éviter de solliciter des prêts extérieurs. «Le gouvernement préfère s'attaquer sauvagement aux travailleurs et aux couches vulnérables que de toucher aux intérêts des maffieux. Même la Banque mondiale a noté dans son rapport, en septembre dernier, que le système fiscal algérien est l'un des plus injustes du monde, car le gouvernement refuse de faire un recensement des riches qui ne payent pas d'impôts», note Louisa Hanoune. Revenant sur la réunion gouvernement-walis qui a eu lieu la semaine dernière, Mme Hanoune estime qu'il s'agissait d'une rencontre pour décréter la dissolution des missions de l'Etat. «Il n'y avait pas que les walis et les membres du gouvernement, les oligarques étaient là aussi pour veiller à la destruction de la base de la République que sont les communes. Le maire deviendra collecteur d'impôts et passera les biens de la collectivité aux mains du privé», dit-elle en faisant remarquer que le FCE ressemble fortement au FLN du parti unique, présent partout et décidant de tout. L'oligarchie, dit-elle, se prépare à rafler les sièges de l'APN : «On marchande déjà les places au niveau de l'APN pour faire des élections de 2017 une réédition des élections de 2010 en Egypte où les hommes d'affaires ont largement envahi le Parlement.»