«La loi sur l'investissement est destinée à sauver des compagnies étrangères en crise, elle prépare une néo-colonisation. Cette loi doit être retirée impérativement, elle n'est pas amendable, elle consacre une orientation économique pouvant mener à un point de rupture», a déclaré Mme Hanoune. C'est une loi de finances antisociale, antinationale, réactionnaire et compradore qui prépare des lendemains incertains», pis «c'est de la haute trahison». La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a usé d'une rhétorique offensive pour contester le projet de loi de finances 2016 qui consacre «une austérité destructrice du pouvoir d'achat de la majorité». Intervenant lors des travaux du conseil national élargi de son parti, Mme Hanoune a eu des mots d'une rare dureté à l'égard du ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, qu'elle accuse d'avoir «opéré un coup de force» à l'APN pour réintroduire un article de loi pourtant «éliminé» par la commission des finances. Il s'agit de l'article 71 auquel ladite commission a fait barrage. «Durant la nuit de jeudi à vendredi, il s'est produit quelque chose d'une extrême gravité. Le ministre des Finances a mis une pression terrible, une manœuvre pour réintroduire l'article en question en toute illégalité. Et c'est un homme d'affaires connu, chef du groupe parlementaire du FLN, Mohamed Djemaï, qui a dirigé les travaux de la commission alors qu'il n'est pas membre. C'est une dissolution pure et simple de l'Assemblée nationale», accuse la patronne du PT. L'article 71 du projet de loi de finances stipule que le ministre peut intervenir dans l'année budgétaire. «C'est une disposition moyenâgeuse qui confirme une caporalisation des institutions et confisque les prérogatives de l'Assemblée nationale et celles du Conseil des ministres», s'insurge Louisa Hanoune. Pour elle, le PLF 2016 «prépare une récession inévitable et démolit le caractère social de l'Etat». A deux jours de son adoption, la secrétaire générale du PT appelle les députés à la résistance. «N'assumez pas la responsabilité de provoquer le chaos et l'irrémédiable. La résistance est une question de survie, vous êtes en face d'un choix historique, si vous votez pour ce projet, ce sera condamner la nation à une mort certaine, exposer le pays à une dévastation générale et ainsi préparer le lit du terrorisme. Ce projet de loi est une guerre contre l'Etat, l'école, la santé, le monde du travail et les entreprises publiques. Le ministre des Finances veut tout raser, il provoque une rupture entre l'Etat et le peuple», avertit-elle. Louisa Hanoune s'en est prise également au ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb, qui a introduit des dispositions de loi sur l'investissement dans le cadre de le PLF. «La loi sur l'investissement est destinée à sauver des compagnies étrangères en crise, elle prépare une néo-colonisation. Cette loi doit être retirée impérativement, elle n'est pas amendable, elle consacre une orientation économique pouvant mener à un point de rupture», affirme Mme Hanoune. «Ces deux ministres sont au service des intérêts d'une minorité et ceux des étrangers», assène-t-elle. «Le vaccin des années 1990 ne suffira pas» Louisa Hanoune estime que les oligarques sont «saisis de panique en raison de la chute du cours du pétrole». Elle accuse le «plus grand des oligarques» d'ouvrir des sociétés sur les décombres des compagnies publiques. Certaines entreprises publiques ferment au prétexte d'absence de marché auxquelles se sont substituées des sociétés privées «à qui on trouve curieusement des marchés», s'indigne la dirigeante de gauche, avançant le cas de l'Enageo. Visiblement, l'oligarchie concurrente n'a plus de limite et ne recule devant rien. «Elle ne cache plus ses intentions, elle veut investir y compris l'industrie militaire», prévient-elle. Elle dénonce avec la même vigueur des «dérives multiples et dangereuses en raison de la domination oligarchique qui imprime les orientations économiques du pays». Mme Hanoune évoque par ailleurs une Algérie «encerclée par le terrorisme». A la fragilité politique s'ajoute la faiblesse économique et sociale.«Le vaccin des années 1990 ne suffit pas», tempête-t-elle. Commentant les attaques terroristes qui ont frappé Paris, elle estime que «le monde connaît un basculement total et une généralisation des guerres». «Les actes terroristes de Daech – une fabrication des services américains, de l'aveu même des anciens de la CIA, financée par l'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie – sont devenus incontrôlables», fulmine-t-elle. «Paris n'est pas seulement la capitale de la France, mais un centre mondial. Ce qui s'est passé ressemble au 11 Septembre 2001 dans un contexte de crise du capitalisme et ses conséquences sur les travailleurs en Europe… Nous assistons à des guerres de dislocation des nations, une guerre contre la civilisation humaine.» Pour elle, il n'est pas de doute que «le terrorisme et la crise économique sont les deux faces d'une même médaille. La propagation de Daech sert les intérêts du capitalisme mondialisé en crise». Hacen Ouali